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STATISTIQUE PARLEMENTAIRE.

Lamartine veut exercer une influence, grouper autour de lui des votes de quelque importance, la force des choses lui impose de se dire jacobite ;

3o  Les fonctionnaires royalistes destitués, tel que M. Jacquinot Pampelune, et j’irai même jusqu’à M. Blin de Bourdon ; je ne crois pas à ceux-ci une telle énergie de vie politique, qu’ils se jettent corps et biens dans une opposition de renversement. Presque toujours liés au pouvoir dans ses phases diverses, ils n’ont pas la tête brûlante des jacobites ; un ministère habile leur tendrait la main, et qui sait s’ils la refuseraient toujours ? Peut-être la chose ne se fera pas la première année, mais la seconde, mais la troisième ; on ne résiste pas aussi long-temps à un pouvoir qui vient à vous, quand on a long-temps participé au pouvoir. Il y a là aptitude au ministérialisme ;

4o  Les incertains : et je ne sais si les royalistes peuvent bien compter sur MM. Sauzet et Janvier. Sans doute le rôle d’une opposition fondée sur les bases établies par le parti royaliste, la réforme parlementaire et les économies, doit plaire à tous les talens et à tous les patriotismes ; mais comme toute question politique se réduit en définitive à des questions de personnes, quand viendra l’heure d’agir pour la dynastie de la révolution ou de la restauration, je ne pense pas que les incertains se prononcent aussi nettement dans les intérêts jacobites.

Un fait constant, c’est que toutes ces nuances ne suivront pas une commune direction ; les deux ou trois tories de M. de Lamartine ne voudront pas s’associer aux idées démocratiques, à l’extrême fraction des jacobites. Ils se poseront conservateurs ; aussi le ministère ne les voit-il pas entrer avec déplaisir dans la chambre ; il n’a pas repoussé leur élection, et pourquoi ? c’est que ce parti conservateur, quoique avec des affections et des souvenirs d’un doux et harmonieux dévouement, prêtera secours au pouvoir, en quelque main qu’il se trouve, et c’est ce qui le rend suspect à la fraction royaliste qui vise au renversement. Les légitimistes font des progrès, et l’on entend les plus habiles s’écrier que la politique d’un parti, même hostile au principe du gouvernement, est de se nuancer de telle sorte qu’une de ses fractions seconde le pouvoir afin de l’envahir un jour, tandis que l’autre le bat en brèche par sa violence. Comment agit le parti libéral sous la restauration ? ajoutent-ils. Eut-il répugnance d’entrer au pouvoir toutes les fois qu’on le lui offrit. Tandis que Manuel, Benjamin Constant conservaient leur répugnance dynastique, Casimir Périer se rapprochait ; il eût accepté un ministère avec empressement, et ses amis politiques ne l’en eussent pas blâmé ; on fait mieux les affaires de son parti dans un ministère que dehors. Pour ouvrir la porte, il vaut mieux avoir la clé que