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NAPOLÉON.


LES ÉPÉES.


Assez ! je ne peux plus me taire,
Un crêpe noir sur moi descend ;
Je veux pleurer mon pleur de sang.
Que cette larme de colère,
Qu’aucun soleil ne doit tarir,
Poison qui brûle et fait mourir,
Souille ton front, vile Angleterre !


Vile Angleterre, en ton îlot,

Garde-toi bien avec ton flot.
De tes trois mers prends toute l’onde
Pour te laver devant le monde.
Prends dans ta main tout l’Océan,
Avec tout les flots du Bosphore,
Tous ceux qui dorment à Ceylan,
Tous ceux qu’ombrage un sycomore,
Tous ceux de l’Indien ou du Maure
Ma tache à ton front restera,
Jamais rien ne l’effacera.


LES CASQUES.


Comme mon aigrette à ma cime,
Ainsi sur toi reluit ton crime ;
Comme sur moi par grands flocons
À tous les vents pend ma crinière,
Ainsi sur toi pend la colère

De mille et mille nations.
Comme je baisse ma visière,
Ainsi, toi, dans ton jour de deuil,
Va ! tu baisseras ton orgueil.
 


LES CYMBALLES.


Sous sa noire tente,
Il dort dans l’attente
D’un grand lendemain.
Il a mis sa main
Sur sa bonne épée
Dans le sang trempée.
Son rêve de roi,

France, il est pour toi.
Fais auprès de moi
Bruire ta colère ;
Comme un cavalier,
Son long sabre à terre ;
Comme un cymballier,
Sa cymballe, en guerre.


LES TROMPETTES.


À ma voix, si mes vieux soldats
Pouvaient renaître sous mes pas,
Je lui referais cent royaumes
D’hommes pâles et de fantômes ;

Et s’il les menait aux combats,
Rien qu’en regardant leur poussière,
Devant eux s’enfuirait la terre.