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DES LÉGISLATIONS COMPARÉES.

médaille immortelle. La loi n’échappe pas aux conditions des autres productions du génie humain ; elle a besoin d’unité. Le législateur doit être un, non pas double ; intelligent, et représenter surtout la valeur morale. La féodalité et le moyen âge nous ont laissé nombre de préjugés parmi lesquels il faut compter l’habitude de prendre la propriété foncière pour le signe unique de l’habileté législative.

Le législateur doit n’avoir que des égaux, et n’apercevoir au-dessus de lui que la loi qu’il a faite.

Les lois doivent être puissantes, mais mobiles : elles ne doivent pas trouver les raisons du respect qu’elles inspirent dans un entêtement d’éternité, mais dans leur mobilité perfectible. Un peuple ne peut pas plus renoncer à perfectionner sa constitution, qu’un homme à améliorer sa conduite.

Pour considérer le pouvoir exécutif, on peut se placer dans l’histoire et dans la philosophie. Historiquement, le pouvoir exécutif dans les états européens est le résultat d’habitudes invétérées que le temps seul peut affaiblir et corriger, et qu’une attaque directe irriterait plutôt en les fortifiant. D’ailleurs dans l’évolution naturelle des progrès, d’autres réformes ont sur cette difficulté une priorité légitime. Philosophiquement, le pouvoir exécutif n’est autre chose que la volonté humaine soumise à l’intelligence, le bras à la tête ; il suit qu’il doit être élu, dépendant en principe, indépendant dans la sphère de l’action, fort, obéi, intelligent, glorieux, responsable, temporaire. La société doit honorer son chef ; elle doit aussi le placer dans des conditions faciles de moralité ; elle ne doit ni le corrompre, ni le fatiguer outre mesure. Napoléon lui-même a passé la dernière moitié de sa vie à s’égarer et à tomber. Laissez rentrer dans l’obscurité l’homme qui a servi son pays, n’a-t-il pas droit de se recueillir avant la mort dans la dignité du repos ?

Où donc est la souveraineté ? dans la raison de la société même, dans l’esprit du peuple. Une nation, comme un artiste, dispose de ses idées et n’en répond qu’à Dieu ; elle confie sa destinée à son intelligence, et elle sent qu’il n’y a qu’un droit parce qu’il n’y a qu’une vérité.

La justice a commencé par la religion et doit se perfectionner aujourd’hui par la science. L’esprit de l’homme a toujours cherché