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DES LÉGISLATIONS COMPARÉES.

réserve pour fonder des empires. La monarchie prussienne s’éleva pour représenter en Europe le génie du protestantisme et du rationalisme germanique.

Napoléon à bout de sa destinée, une partie de l’Europe dans les occupations de la paix se mit à l’école de la constitution anglaise. Les monarchies constitutionnelles qui se sont élevées en France, en Bavière, à Stuttgard, à Lisbonne, à Madrid, à Cassel, à Dresde, à Carlsruhe, à Darmstadt, à Hanovre, expriment un état intermédiaire entre les établissemens irréguliers du moyen âge et les théories générales que médite et mûrit l’esprit moderne. Les intérêts positifs ont servi de premier fondement à cette transaction, et l’argent a provoqué l’association des peuples au pouvoir législatif et à la gestion des affaires. Dans cette transaction, les aristocraties ont gardé leurs prééminences ; les royautés, l’initiative de la puissance dont elles ont octroyé et mesuré le partage. Les monarchies et les principautés constitutionnelles du xixe siècle sortent naturellement du jeu des affaires européennes, et il est insensé de les maudire comme une violation illégitime de l’antiquité : il ne serait pas plus juste de les considérer comme un exemplaire parfait et définitif de la sociabilité moderne : leur origine est dans les mœurs barbares, dans les pratiques et les instincts du moyen âge, leur caractère est un mélange du passé et du présent avec une intention de priorité pour le passé ; leur loi est une gravitation à quelque chose de plus général et de plus philosophique.

ix.

Les hommes ont toujours estimé juste et naturel de donner la direction de leurs affaires à la supériorité morale : mais ils ont varié dans l’appréciation des signes de cette supériorité.

La naissance, le sang et la race se sont d’abord concilié leur respect et leur foi. Une race est un système vivant, une succession héréditaire de qualités naturelles qui, par sa cohésion et sa continuité, devait, dans les premiers âges des sociétés, s’attirer la puissance. Les Germains demandèrent leurs rois à la noblesse du sang, reges