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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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30 juin 1834.


Il était facile de prévoir les élections qui viennent d’éclore. Pour un œil attentif, il était évident que l’opposition paierait, dans une réélection générale, les fautes sans nombre qu’elle a commises, les imprudences et les folles théories de son avant-garde, les préjugés, les vieilles et aveugles routines de ses traîneurs. Ce n’est pas non plus la première fois qu’ayant à opter entre la probité politique et la rouerie la plus scandaleuse et la plus avérée, les électeurs se soient empressés de voter pour ceux qu’ils estimaient le moins. Pareille chose arriva aux élections de 1824, où les collèges soutinrent si vigoureusement le ministère de M. de Villèle. Alors, comme aujourd’hui, on était avide de paix et de repos ; mais il n’est pas dans la nature des roués politiques de procurer la paix et le repos à ceux qui leur confient la direction des affaires.

Ce qui a fait surtout la force du pouvoir dans les élections, c’est que les électeurs savent très bien que l’opposition n’a pas en ses mains les remèdes aux maux que cause le ministère. Si l’opposition avait nettement formulé ses projets d’économies, indiqué les moyens qu’elle croit propres à maintenir la paix tout en faisant respecter la France, si les députés qui siégeaient sur les bancs de la gauche dans la dernière session avaient saisi plus souvent l’occasion d’énoncer avec franchise leurs projets d’avenir, on