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LE SOUPER CHEZ LE COMMANDEUR.

Voyez-vous que la flamme autour se cristallise
Comme au front des élus ?

Don Onufro et don Bernardo ensemble.

Comme au front des élus ? Par le Christ, mon patron,
Cette fille n’a pas d’auréole à son front.

EN CHOEUR.

Et pourtant elle vient des jardins magnifiques
Où croissent les beaux lis dont les fronts séraphiques
De Jésus, de Marie et de saint Gabriel
Aiment à se parer dans les fêtes du ciel,
Où parmi les splendeurs d’une éternelle aurore
S’élève une moisson métallique et sonore
De fleurs, de belles fleurs que la mère de Dieu
Abrite sous les plis de son grand manteau bleu,
Et que les séraphins, ses cohortes fidèles,
Tiennent incessamment à l’ombre de leurs ailes,
Et protègent ainsi qu’une épaisse forêt
Contre l’ardent soleil qui les embraserait ;
Du mystique jardin, de la belle prairie
Où la reine du ciel, la divine Marie,
La mère du Seigneur, en son divin loisir,
Pieds nus, chaque matin, descend et vient choisir
Les glorieux épis et les fleurs de lumières
Pour celles qui là-haut monteront les premières.
Et pourtant elle vient des jardins d’orient,
De ce pré si fertile et si luxuriant,
Que, lorsque vers midi, la belle moissonneuse
Marie a recueilli sa gerbe lumineuse
Pour les virginités de son auguste cour
Et celles d’ici-bas qui mourront dans le jour,
L’herbe est aussi touffue et la moisson vermeille
Aussi riche d’épis que le soir de la veille.
Et pourtant elle vient des augustes sentiers
Où croissent des épis et des fleurs par milliers.
Qui se laissent cueillir sans nulle résistance,
Pourvu qu’auparavant on ait fait pénitence.
Car, frères, autrement ils déchirent la main
De même qu’ici-bas les ronces du chemin.