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LE SOUPER CHEZ LE COMMANDEUR.

Mais dites seulement à cette heure : Je veux
(Nous ne vous demandons rien que cette parole),
Je veux qu’Anna soit sainte et mette une auréole
À la place des fleurs qui sont dans ses cheveux.

EN CHOEUR.

Faites cela pour nous, sainte Vierge mystique,
Et nous vous chanterons un éternel cantique.

i.
EN CHOEUR.

Quand le Pharisien chez qui jadis tu vins
Oubliait le bassin pour les pieds de son hôte,
Une femme épandit, pour réparer la faute,
Ses huiles de parfums sur tes cheveux divins.
 
Et la myrrhe et le nard, la sainte et pure ondée
S’écoula doucement sur ta mystique chair,
Et celle qui sur toi versa ce don si cher
Était femme partout avilie en Judée.

Mais elle avait l’amour, et pleine de ta foi,
Dénoua sur ton corps sa chevelure blonde,
Et pour t’avoir donné les parfums de ce monde,
Elle prit ceux du ciel qui reposaient en toi.

Une femme de même au puits de Samarie,
Lorsque tu t’inclinais sous l’ardente ferveur,
Te reconnut, ô Christ ! pour le divin Sauveur,
Et dit : Voilà Jésus, l’enfant né de Marie.

Voilà, voilà celui dont le père est au ciel.
Puis elle te donna l’eau qu’elle avait puisée,
Présent qui te revint sans doute à la pensée
Quand un homme t’offrit son éponge de fiel.

Les femmes accouraient vers toi sans défiance
Et ne discutaient pas tes dogmes ni ta loi ;
Elles avaient l’amour et plus encor la foi,
Et nous autres, hélas ! nous avions la science !