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REVUE. – CHRONIQUE.

corps diplomatique, à l’occasion de la fête du roi. M. Pozzo di Borgo, qui aime par-dessus tout le séjour de Paris, et dont le chagrin fut bien grand chaque fois que les mésintelligences du gouvernement de juillet et de la Russie le menacèrent de rompre ses habitudes de société, contractées en France depuis tant d’années, tenait beaucoup, dit-on, à mettre dans son discours une phrase qui satisfît l’empereur, son maître. Nos ministres ne demandaient au fond qu’à satisfaire l’empereur Nicolas, et tout ce qu’ils tentent depuis quelque temps contre la liberté, prouve de reste combien ils ont à cœur de réussir ; mais l’empereur voulait un témoignage public de l’affinité toute récente qui règne entre ses vues et celles du gouvernement français. Les puissances demandaient, par leurs représentans, que la monarchie de juillet tendît ses mains à la sainte-alliance, mais publiquement, comme elle les livrait autrefois aux grossières étreintes des prolétaires. On assure que la négociation ne fut pas facile, que le ministère hésita quelques momens, qu’il allégua la nécessité où il était de garder encore quelques semblans de libéralisme et de liberté ; mais tout finit par s’arranger par condescendance pour les illustres souverains, et il fut arrêté que M. Pozzo di Borgo féliciterait Louis-Philippe de la bonne harmonie qui règne entre toutes les puissances et qui les unit dans la ferme et salutaire résolution d’assurer aux nations les bienfaits de la paix, et de la garantir contre les passions et les erreurs qui tenteraient de la troubler. La réponse royale n’a pas été moins claire ; la France a maintenant le bonheur de compter parmi les pays soumis aux vues bienfaisantes de la sainte-alliance.

La loi contre les barricades qu’on a fort bien caractérisée de loi militaire, une des lois les plus terribles dont on ait jamais armé le pouvoir en France, ne suffit déjà plus. On en veut maintenant à la presse et à la liberté de la tribune. En quatre années, le gouvernement de juillet a parcouru les quinze années de la restauration, et comme la restauration, il compte bien que le pays, fatigué de défendre ses libertés une à une, les lui livrera en masse dès qu’il frappera un grand coup. En attendant, c’est sur les colléges électoraux qu’il a fondé son espoir. Rien n’est épargné pour le travail des élections, et jamais le ministère de M. de Villèle ne harcela plus vivement les fonctionnaires pour stimuler leur zèle, jamais il ne mit à leur disposition plus de moyens de séduction et de menaces que ne le fait M. Thiers. Comme c’est de la chambre prochaine que l’on compte obtenir les dernières mesures qui doivent compléter le système d’oppression et d’asservissement si bien commencé par le ministère, on sent toute l’importance des démarches qui se font en ce moment.

Cette pensée des élections occupe tellement le ministère, qu’elle se