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REVUE. — CHRONIQUE.

cultive avec tant de succès, fait fondre les types nécessaires, et surveillé l’impression de ce texte turc qui ne demandait pas moins qu’un œil aussi bien exercé que le sien pour faire dignement son entrée parmi nous. Quant aux motifs qui ont déterminé M. de Hammer à publier le poème de Fasli, de préférence à tout autre, il va nous les donner dans sa préface :

« Les presses anglaises, françaises, allemandes et hollandaises reproduisent annuellement, dit-il, les ouvrages arabes et persans, mais les livres turcs ne s’impriment qu’à Constantinople. Malgré nos relations fréquentes avec le Levant, malgré le voisinage immédiat de l’Autriche, de la Russie, avec l’empire ottoman, nous n’avons encore vu paraître chez nous que des grammaires et des dictionnaires turcs, rien d’autre, si ce n’est la chronique de Fessaji, imprimée à Vienne, il y a cinquante ans. Il est vrai cependant que nous n’avons pas manqué de livres turcs, grâce à l’activité des presses de Constantinople, qui, pendant les dernières années, nous ont fourni assez d’ouvrages sur la grammaire, la géographie, la jurisprudence, le dogme, la médecine, l’état militaire, les mathématiques et l’histoire.

« Mais parmi cette grande quantité de productions de tout genre, on ne compte point d’ouvrage de poésie, car les glossaires rimés arabes et persans ne sont que des formules pour aider à la mémoire des maîtres et des enfans, et à part le Printemps de Mesihi et le Divan de Baki, nous ne savons presque rien de la poésie turque, tandis que nos orientalistes ont étudié avec soin non-seulement Saadi et Hasif, mais encore les anciens livres persans, et traduit, interprété, commenté les sept poèmes de Kaaba et les autres poèmes arabes.

« Parmi les cinquante épopées romantiques que présente la littérature ottomane, les plus célèbres sont : Chosnew et Schirin, que Scheichi a imités du grand poète persan Nisani ; Jusuf et Suleicha, imités aussi du persan par Hamdi ; Lamii, Wamik et Asra ; Weise et Ramin, Selman et Absal, traduits des anciens poètes persans ; enfin Medschun, l’Amour du papillon et d’autres poèmes encore, en partie traduits, en partie imités des anciens poètes persans.

« Mais entre toutes ces œuvres de poésie, aucune ne réunit, comme la Rose et le Rossignol de Fasli, le mérite de l’originalité, de l’élégance et de la concision. Qui n’a pas entendu parler de ce beau mythe des Perses sur l’amour du rossignol et de la rose ? Qui de nous n’en a pas retrouvé l’idée dans maint ouvrage oriental ? Mais qui a jamais lu l’histoire complète de cet amour avec tous ses développemens et tous les personnages qui le traversent ? On a publié, il y a quelques années, à Saint-