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REVUE DE VOYAGES.

écrit, parfois avec un peu de négligence, mais substantiel et aussi complet qu’on peut l’exiger aujourd’hui. Un atlas lithographié, dont nous n’avons pas encore parlé, accompagne le texte et contient des vues du pays, des costumes, armes, monnaies, etc.

Le Voyage de la Favorite clot, pour le moment, cette suite brillante d’expéditions maritimes que la France a entreprises depuis la paix, à des époques si rapprochées qu’elles paraissent n’en faire qu’une seule, poursuivie par des hommes différens, mais animés d’une égale ardeur pour le service du pays et pour la science. Les résultats obtenus par les trois plus célèbres, celles de l’Uranie, la Coquille et l’Astrolabe, sont trop connus pour qu’il soit nécessaire de les rapporter ici. La Favorite, en partant pour une campagne de circumnavigation, ne pouvait avoir la mission de recommencer ce qui avait été si bien exécuté par les habiles capitaines de ces trois bâtimens et par d’autres encore. Elle était destinée spécialement à montrer le pavillon protecteur de notre commerce dans des parages où il est à regretter qu’il paraisse si rarement, et à compléter les travaux hydrographiques exécutés de 1824 à 1826, par la Thétis et l’Espérance, sur les traces desquelles ses instructions lui enjoignaient de repasser. Partout la Favorite a dignement accompli sa tâche ; sa présence dans des parages où notre commerce n’a plus conservé qu’une ombre de son ancienne splendeur, a été utile à nos négocians ; des points dangereux des mers de l’Inde et de Chine ont été relevés par elle avec cette perfection propre à l’hydrographie française, et qui a placé si haut dans l’estime des marins du monde entier les noms des Roussin, des Freycinet, des Bougainville, des Dumont-d’Urville, etc. ; enfin, quoique n’ayant point reçu de naturalistes spéciaux à son bord, elle a payé son tribut aux sciences, grâces au zèle de son chirurgien-major, qui a présenté au retour, au Jardin-des-Plantes, un assez grand nombre d’objets précieux qui ont pris place à côté de ceux recueillis par ses prédécesseurs.

Nous avons entendu des esprits difficiles reprocher à la relation de ce voyage, de ne pas avoir une allure assez scientifique, de trop viser à plaire au lecteur, en un mot d’être trop littéraire. Cette accusation est, au fond, un éloge indirect pour M. Laplace. Venu le dernier dans une carrière où tant de rivaux redoutables