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d’envoyer au Brésil un agent chargé d’y attirer don Pédro sous de fausses promesses. Dans ce but, on s’adressa à quelques débris du parti militaire qui a conservé un reste d’attachement pour l’auteur et le violateur de la charte brésilienne, et on les décida à écrire à don Pédro pour l’engager à tenter à Rio-Janeiro une expédition semblable à celle d’Iturbide au Mexique. Heureusement pour lui, don Pédro a soupçonné à temps le piége, et il a formellement refusé de tenter cette glorieuse entreprise. Le souverain dont nous parlons en a été pour ses frais d’agent. La démission que la régence brésilienne a exigée de M. d’Andrade, gouverneur du jeune don Pédro ii, se rattache à cette mystérieuse affaire.

Les projets sinistres du pouvoir, les lois des crieurs et des associations, les illégalités de toute espèce, les assommeurs et les énormes demandes de crédits supplémentaires et de fonds secrets, n’ont pas diminué la folle gaîté qui a éclaté à Paris le jour de la Mi-Carême. On s’occupait surtout de deux grands bals qui ont eu lieu la veille, donnés, l’un par M. Baudon, un de nos plus riches receveurs-généraux, l’autre par le marquis de Châteauvillars. L’histoire du premier de ces bals est singulière. Mme de Châteauvillars avait, dit-on, oublié d’inscrire sur ses lettres d’invitation Mme la vicomtesse L… qui se plaignit beaucoup de cet oubli en présence de M. Baudon. Le receveur-général, aussi galant que Bouret et La Popelinière, promit alors à Mme L… de donner ce jour-là, à son intention, une fête qui effacerait celle de l’hôtel Montholon, où demeure M. de Châteauvillars. Il fit en effet construire en toute hâte une galerie dans la cour de l’hôtel qu’il habite, une salle de bal dans le jardin ; et, malgré les représentations du propriétaire, avec lequel il aura sans doute un procès, il fit enlever par ses pourvoyeurs, chez Chevet et chez Mme Bernard, le gibier, le poisson, les arbustes et les fleurs que faisait demander partout son compétiteur, invita dix-huit cents personnes, et parvint, à force de dépenses, d’activité et d’efforts, à remplir sa promesse. Le bal de l’hôtel Montholon, tout brillant qu’il était, fut inférieur à celui-ci. Qu’on dise encore que nos financiers sont tout positifs.

— Le concert donné le 7 mars à la salle Chantereine par M. Hauman, violoniste belge, n’a pas trompé l’attente des amateurs éclairés qui se pressaient dans cette étroite enceinte. Les variations composées et exécutées par M. Hauman ont révélé dans son talent une verve et une énergie remarquables. Seulement nous devons dire que le style de ses compositions manque généralement d’enchaînement et d’unité. Mais plusieurs passages nous ont vivement frappés par l’élégance et la hardiesse des phrases.

Le septuor de Hummel a été rendu par M. Listz avec autant de force