Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 1.djvu/721

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
Séparateur



14 mars 1834.


Le drame politique qui se joue sous nos yeux marche rapidement, trop vite, comme disait M. Garnier-Pagès du haut de la tribune. La loi des associations a suivi de près la loi des crieurs ; d’autres suivront. On ne s’arrête pas en si belle route. D’ailleurs le ministère n’en est plus, comme autrefois, à se livrer par boutades à la colère et à l’humeur que lui causent la liberté de la presse, les rares absolutions du jury, les interpellations à la tribune, les railleries du théâtre, à la haine qu’il éprouve pour la plume et la parole, les deux instrumens qui ont élevé le trône, créé ce pouvoir et fait sortir de la poussière tous ces hommes qui manient aujourd’hui les affaires du pays. Maintenant, au dehors comme au dedans, c’est un système entier qui se développe. Une main habile, quoiqu’un peu grossière, étend partout ses fils. Les yeux clairvoyans la voient s’agiter et apparaître à Saint-Pétersbourg, à Madrid, à Londres, glisser ses doigts avides jusque dans les plus petites affaires, manier tout, flétrir tout, et n’abandonner les hommes dont elle s’est emparée qu’après les avoir livrés au mépris des autres et d’eux-mêmes. Les ministres actuels ont mis leurs petites et étroites passions au service de l’esprit calculateur et froid qui les domine, et l’on ne saurait dire s’ils entraînent ou s’ils sont entraînés dans