Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 1.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
REVUE DES DEUX MONDES.

LE PRINCE.

Je voudrais bien qu’un maraud comme toi se mêlât de me donner des ordres.

MARINONI.

Considérez, altesse, qu’il faut cependant que je sois le prince ou que je sois l’aide-de-camp. C’est par votre ordre que j’agis.

LE PRINCE.

Me dire que je suis un impertinent en présence de toute la cour, parce que j’ai voulu baiser la main de la princesse ? Je suis prêt à lui déclarer la guerre, et à retourner dans mes états pour me mettre à la tête de mes armées.

MARINONI.

Songez-donc, altesse, que ce mauvais compliment s’adressait à l’aide-de-camp et non au prince. Prétendez-vous qu’on vous respecte sous ce déguisement ?

LE PRINCE.

Il suffit. Rends-moi mon habit.

MARINONI, ôtant l’habit.

Si mon souverain l’exige, je suis prêt à mourir pour lui.

LE PRINCE.

En vérité, je ne sais que résoudre. D’un côté, je suis furieux de ce qui m’arrive ; et d’un autre, je suis désolé de renoncer à mon projet. La princesse ne paraît pas répondre indifféremment aux mots à double entente dont je ne cesse de la poursuivre. Déjà je suis parvenu deux ou trois fois à lui dire à l’oreille des choses incroyables. Viens, réfléchissons à tout cela.

MARINONI, tenant l’habit.

Que ferai-je, altesse ?

LE PRINCE.

Remets-le, remets-le, et rentrons au palais.

(Ils sortent.)



Scène V.


La princesse ELSBETH, LE ROI.
LE ROI.

Ma fille, il faut répondre franchement à ce que je vous demande : ce mariage vous déplaît-il ?