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COSMOGRAPHIE.

dans les étoiles. Il y fut contraint pour répondre aux objections victorieuses que ce grand homme et Galilée tiraient de l’invariabilité des distances relatives des astres pendant le mouvement diurne. Alors que le cours capricieux des comètes avait déjà brisé les cieux de cristal auxquels les anciens astronomes attachèrent les astres, Riccioli ne pouvait expliquer cette difficulté énorme qu’en admettant qu’il y a dans chaque étoile un ange fort attentif à ce que fait son voisin, et qui pousse l’étoile à laquelle il préside plus ou moins vite selon sa distance, de manière que, vues de la terre, les distances relatives ou les intervalles angulaires restent toujours les mêmes. Présenter sérieusement une pareille solution, c’était avouer qu’on n’avait rien à répondre. Mais il n’est pas bien sûr que Riccioli ait cru un mot de ce qu’il disait. Trop bon astronome pour ne pas sentir les mérites du système qu’il avait l’ordre de combattre, il l’attaque le plus souvent en avocat qui voudrait perdre sa cause. On voit qu’il ne lui a manqué, pour être copernicien, que la licenza de’ Superiori.


§ iv.
De la forme du monde et du mouvement des astres.

Quant aux traits caractéristiques du système de Cosmas, je veux dire ses idées sur la forme du monde, sur les mouvemens des astres autour de la partie élevée de la terre, sur les hautes murailles qui l’entourent et soutiennent le ciel, on est encore certain que ni lui ni son maître ne les avaient tirés de leur propre fonds. J’ai déjà remarqué que le sens donné par cet auteur aux mots ἅγιον ϰοσμιϰόν dans saint Paul, était adopté par plus d’un commentateur de cette époque. Or, ce sens est en quelque sorte le pivot de tout le système ; car, du moment qu’on admettait que le tabernacle de Moïse avait été construit à l’imitation du monde, on était nécessairement conduit à admettre que le monde avait la forme de ce tabernacle. Aussi avons-nous vu que Sevérianus de Gabala et Diodore de Tarse se figuraient le monde comme une maison à double étage, ce qui rentre tout-à-fait dans la même idée ; ce dernier auteur achève la ressemblance en donnant au ciel, de même