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COSMOGRAPHIE.

Cosmas et de Patrice. C’était l’opinion de saint Hilaire, ainsi que le reconnaissent les savans Bénédictins éditeurs de ses œuvres[1]. Théodore, évêque de Mopsueste, dans son ouvrage perdu sur la création, adoptait et développait la même idée[2] ; Jean Philoponus, qui la combat, déclare qu’elle n’est autorisée par aucun texte de l’Écriture, et en effet ni l’ancien ni le nouveau Testament n’en offre de trace : elle a été amenée par la nécessité d’expliquer les phénomènes ; et si je ne me trompe, on a puisé à une source qui a fourni bien d’autres explications, à la source platonicienne. Platon, dans le Banquet[3], dit qu’il existe des êtres appelés démons, intermédiaires entre l’homme et la Divinité, qui transmettent aux dieux les vœux et les prières des hommes, et aux hommes les volontés des dieux, par le moyen des oracles et des divers genres de divination, d’enchantemens, de procédés magiques[4].

L’auteur de l’Épinomide[5] en parle dans le même sens ; il appelle ces démons une sorte de race aérienne qui occupe une place intermédiaire. Xénocrate, disciple de Platon, et dont l’Épi-

  1. S. Hil. in Psalmos.Opp. p. 486. A. B, 487. A. ibique annotat.
  2. J. Philopon. de Creat. i, 16, p. 31 ; 17, p. 32.
  3. P. 202. E. 203. A. — Cf. Plutarch. de Is. et Osir. p. 361. B. C.
  4. Cette idée sur le rôle des démons fut tellement répandue chez les païens, d’après une si grande autorité (cf. Maxim. Tyr. xiv, 8. — Procl. in Tim. i, p. 49. Plut. de Isid. et Osir. p. 361, B. C. — Aristid. orat. t. ii, p. 106, ed. Jebb. etc.), que les Pères de l’église ne purent guère se dispenser d’attribuer aux démons les oracles de l’antiquité. Leur opinion à cet égard fut à peu près unanime. Le jésuite Baltus (Réponse à l’hist. des oracles. Strasb. 1707,) a très bien prouvé que Vandale et Fontenelle, en n’y voyant que l’œuvre de l’imposture, vont formellement contre l’autorité des saints Pères ; ce qui ne prouve pas du tout, comme le concluait Baltus, que Vandale et Fontenelle aient tort ; du moins aucun homme de sens ne le soutiendrait à présent. Dans un très bon livre de théologie, l’Herméneutique sacrée, M. Janssens, art. 47, avance que Tatien, Origène, Eusèbe, S. Jean Chrysostôme, etc., n’ont vu dans les oracles que le résultat de la fraude ; les preuves du contraire sont rassemblées dans les chap. 3 à 9 du livre de Baltus, et dans les chap. 2, 3, 4, 5, 8, etc. de la suite de sa Réponse.
  5. § 8. page 985. D — page 510, ed. Ast. Ἕδρα est pris dans un sens physique.