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tucla et presque tous les historiens de l’astronomie et des mathématiques ; en cela ils n’ont fait que suivre l’autorité du savant Bouilliaud, qui avait donné à son ouvrage sur le vrai système du monde le titre d’Astronomia philolaïca. Philolaüs, rapportant ce système aux idées religieuses, donnait au feu central le nom de Vesta, de mère des dieux[1], d’habitation de Jupiter. Enfin, au témoignage d’Aristote, quelques-uns des pythagoriciens rattachaient l’existence de la voie lactée à la course de Phaéthon dans le ciel[2].

Il me paraît vraisemblable que l’Olympe de Beda et de Raban Maur remonte à l’opinion de Philolaüs ; seulement on voit que ces auteurs ou ceux qu’ils ont copiés ne l’avaient pas comprise, puisqu’ils distinguaient l’espace igné de l’Olympe, tandis que, dans l’opinion de Philolaüs, cet Olympe était précisément l’espace igné : mais ce n’est pas la seule fois que les docteurs chrétiens ont emprunté aux anciens leurs opinions sans les comprendre.

D’autres Pères de l’Église interprétèrent différemment les textes de la Bible sur ce sujet. Laissant de côté le troisième ciel de saint Paul, qu’ils entendaient d’une manière toute figurée et même symbolique[3], ils s’en tinrent à la Genèse, et n’admirent qu’un double ciel. C’est cette opinion que Cosmas a adoptée. Sa division du monde en deux compartimens ou deux étages, l’un supérieur, l’autre inférieur, paraît avoir été adoptée assez généralement. Elle était énoncée par Diodore, évêque de Tarse (en 378), dans un livre dont Photius nous a donné un extrait ample et curieux[4]. Ce père y combat les partisans de la sphéricité du ciel et de la terre. Il dit, dans un endroit : « Il y a deux cieux, l’un visible, l’autre invisible et placé au-dessus : le ciel supérieur fait en quel-

  1. Ideler, Ueber das Verhältniss des Copernicus zum Alterthum, dans le Museum der Alterthum-Wissenschaft, T. ii. p. 408 — Cf. Boeckh, Philolaos, p. 94, ff.
  2. Meteorol. l. 8, init. p. 538. A.
  3. S. August. in Genes. xii, 67. — Opp. t. iii, part. i, p. 322 D. — 324. B. C.
  4. Phot. cod. 223, p. 210, col.  1, l. 43 ; ed. Bekk. — 211, col. 2, l. 42.