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COSMOGRAPHIE.

puissances spirituelles, par des anges, qu’il compare à des lampadophores[1] ; en sorte que les mouvemens de ces astres sont dus à une cause intelligente qui préside à chacun d’eux. Ce sont encore des puissances angéliques qui préparent la pluie, rassemblent les nuages, et président aux vents, à la rosée, à la neige, à la chaleur, au froid, en un mot à tous les phénomènes météorologiques[2].

Tel est en substance le système de Cosmas. On peut facilement décider si quelque partie de ce système lui appartient en propre, ou bien si toutes les idées dont il se compose étaient plus ou moins répandues avant lui parmi les docteurs chrétiens. Il nous apprend lui-même qu’il ne l’a pas tiré de son propre fonds. « Ce n’est pas, dit-il, d’après ma propre opinion et mes propres conjectures que j’ai exposé la forme du monde ; c’est principalement d’après les leçons orales d’un homme divin et d’un grand maître, Patrice ; il vint ici du pays des Chaldéens, accompagné de son disciple Thomas d’Édesse, qui le suivait partout dans ses voyages. C’est lui qui m’a fait connaître la vraie et pieuse doctrine (ce qui veut dire le système conforme au texte de l’Écriture, que Cosmas expose dans son ouvrage), et maintenant il a été promu au siége épiscopal de toute la Perse[3]. »

Tout ce qu’il faut conclure de ce texte, c’est que le moine d’Alexandrie tenait son système d’un chrétien de Babylone, appelé Patrice, et que le maître ne méritait guère les pompeux éloges de son disciple. Mais ce système n’appartenait pas plus à l’un qu’à l’autre, comme cela résulte de l’examen des principales particularités qu’il présente, et dont je vais montrer l’origine.


§ ii.
De la pluralité des cieux.

D’abord l’idée d’un double ciel qui divise le monde en deux compartimens n’est que la conséquence de plusieurs textes de la Bible,

  1. Cosmas p. 150, A. C.
  2. Ubi suprà et p. 156, D. E. 289, A.
  3. id. p. 125, A. Cf. viii, p. 306, D.