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REVUE DES DEUX MONDES.

ELSBETH.

Puisque je ne puis éviter la rencontre du prince de Mantoue, je ferai aussi bien d’aller au-devant de lui.

(Entrent le roi, Marinoni sous le costume de prince, et le prince vêtu en aide-de-camp.)
LE ROI.

Prince, voici ma fille. Pardonnez-lui cette toilette de jardinière ; vous êtes ici chez un bourgeois qui en gouverne d’autres, et notre étiquette est aussi indulgente pour nous-mêmes que pour eux.

MARINONI.

Permettez-moi de baiser cette main charmante, madame, si ce n’est pas une trop grande faveur pour mes lèvres.

LA PRINCESSE.

Votre altesse m’excusera si je rentre au palais. Je la verrai, je pense, d’une manière plus convenable à la présentation de ce soir.

(Elle sort.)
LE PRINCE.

La princesse a raison ; voilà une divine pudeur.

LE ROI, à Marinoni.

Quel est donc cet aide-de-camp qui vous suit comme votre ombre ? Il m’est insupportable de l’entendre ajouter une remarque inepte à tout ce que nous disons. Renvoyez-le, je vous en prie.

(Marinoni parle bas au prince.)
LE PRINCE, de même.

C’est fort adroit de ta part de lui avoir persuadé de m’éloigner ; je vais tâcher de joindre la princesse, et de lui toucher quelques mots délicats, sans faire semblant de rien.

(Il sort.)
LE ROI.

Cet aide-de-camp est un imbécile, mon ami ; que pouvez-vous faire de cet homme-là ?

MARINONI.

Hum ! hum ! Poussons quelques pas plus avant, si votre majesté le permet ; je crois apercevoir un kiosque tout-à-fait charmant dans ce bocage.

(Ils sortent.)