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ADMINISTRATION FINANCIÈRE.

tion. Que l’on compare ce qui s’est passé dans la Caroline du sud avec les sombres évènemens de Bristol et de Lyon.

Vainement on objecterait que les réformes électorales ou législatives les plus vastes auraient été sans rapport immédiat avec ces sanglans démêlés. La situation menaçante de nos grandes villes manufacturières tient assurément à nos lois de douane, à l’assiette de nos impôts sur les produits du sol, et quoiqu’on ne puisse toucher légèrement à de si graves objets, ni attendre de nouvelles mesures financières un remède subit et universel, cependant la délibération de ces mesures n’aura d’efficacité que le jour où elle appartiendra à une représentation large et fidèle. Jusque-là, les perfectionnemens de nos homéopathes politiques administrant la liberté commerciale et industrielle, par millionièmes de scrupule, seront fort incertains.

Dans un recommandable ouvrage récemment publié par un économiste qu’on n’accusera pas de passions anti-sociales[1], nous venons d’examiner un grand nombre de tableaux la plupart officiels, d’après lesquels l’auteur, écrivain consciencieux et animé par les plus généreux motifs, a tiré les conclusions suivantes :

« 1o  Que nos lois de douane ne chargent l’importation de matières propres à la fabrication, la plupart analogues à nos produits agricoles, que de 133 fr. par 1,000 fr., tandis qu’elles chargent de 200 fr. par 1,000 fr., l’importation des objets fabriqués dont elles permettent l’entrée ; que la sortie de nos produits agricoles est chargée de six fois plus de droits proportionnellement que celle de nos produits manufacturiers, bien que le sol paie déjà la plus grande partie des impôts directs et que ses produits paient à eux seuls les octrois et les contributions indirectes ; 2o  que les tissus, objets de nos fabrications qui occupent le plus de machines, forment à eux seuls plus de moitié de nos exportations et ne forment guère que le trentième de nos importations, tandis que nos produits agricoles, que nous ne pouvons obtenir que par le travail réel de nos ouvriers, forment en 1831 plus de moitié de nos importations, et ne forment pas le quinzième de nos exportations ;

  1. Recherches des causes et de la misère des peuples civilisés, par M. de Morogues, membre du conseil-général du département du Loiret.