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ADMINISTRATION FINANCIÈRE.

diminue celui des particuliers ; 2o  que la baisse du prix des capitaux n’est heureuse pour un pays que lorsqu’elle résulte de leur égale ou facile répartition ; 3o  que des banques libres dans leur action, quoique soumises à de sages garanties vis-à-vis de leurs cliens, diminueraient aussi l’intérêt de l’argent, sans avoir les inconvéniens d’un crédit public mal dirigé. Ainsi, à la fin de cette année, les États-Unis n’auront plus de dettes, ce qui n’empêchera pas la seule ville de New-York de posséder plus de vingt banques, dont les escomptes annuels se sont élevés depuis huit ans à 565,000,000 fr., et les escomptes de Philadelphie de dépasser 800,000,000 fr., tandis que la banque de Paris n’a escompté que pour 222,000,000 fr. en 1831, 150,000,000 en 1832. De tels exemples prouvent assez que le crédit vraiment social, le crédit industriel, est fort indépendant de l’usage du crédit public.

La manière la plus rationnelle de comparer le poids des impôts en divers pays est de les évaluer en journées de travail. Sous ce point de vue, la thèse de M. Saulnier est encore moins soutenable. En effet, le prix moyen de la journée de travail en France est, selon lui, de 1 fr. 50 c., tandis qu’aux États-Unis il est de 4 fr. 50 c. Il faudra par conséquent que l’auteur de ces évaluations convienne lui-même, en se conformant à ses propres calculs, que l’impôt français étant, comme il le dit, de 31 fr. par tête, est payé en vingt jours deux tiers de travail, et que l’impôt américain n’exige que huit jours un cinquième de travail pour le chiffre, très exagéré de 36 fr. 94 c. par habitant.

Mais en prenant pour base les évaluations plus sûres de MM. Livingston et Charles Dupin, la journée de travail ne vaut que 3 fr.c. (voyez le premier tableau) aux États-Unis, et 1 fr. 25 c. en France.

En 1830, le contribuable américain n’a donc été imposé pour une cote moyenne de 17 fr. 29 c., produit de tous les genres de taxes qui peuvent l’atteindre, que de cinq ou six journées de travail. En 1834, d’après le rapport communiqué le 17 décembre 1833, à la chambre des représentans, par M. Taney, nouveau secrétaire d’état, les dépenses fédérales ne s’élèveront, y compris les derniers paiemens pour la dette, qu’à 127.580,807 fr. En ajoutant à cette somme celle des taxes locales, on obtient, pour 14,000,000