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versités, tout aussi bien que ceux de leurs défenseurs qui se sont présentés jusqu’ici, ne paraissent pas avoir bien saisi le véritable côté de la question. Ils ne comprennent pas que la jeunesse est partout animée d’enthousiasme pour la liberté, et que les universités fermées, cette enthousiaste jeunesse, comprimée et renfermée dans les universités, se répandra en d’autres lieux, fera peut-être alliance avec la jeunesse des villes de commerce et de la classe des artisans, et s’exprimera avec plus de force. Les défenseurs des universités ne cherchent qu’à prouver que la science de l’Allemagne sera anéantie avec les universités, que la liberté académique sert aux études, qu’elle permet aux jeunes gens d’envisager les choses sous des aspects divers, etc., comme si quelques vocables grecs ou quelques rudesses de plus ou de moins faisaient quelque chose à l’affaire ! Et qu’importe aux princes la conservation de la science, l’étude et la civilisation, si la sainte sécurité de leur trône est en péril ? Ils seraient assez héroïques pour sacrifier tous ces biens relatifs à un seul bien absolu, à leur absolue domination ! car ce bien-là leur a été confié par Dieu, et quand le ciel commande, toutes considérations terrestres doivent céder. Il y a donc malentendu aussi bien du côté des pauvres professeurs qui défendent les universités que du côté des délégués du pouvoir qui les attaquent. La propagande catholique en Allemagne comprend seule la question. Celle-là est l’ennemie secrète de notre système d’universités, qu’elle attaque par la ruse et le mensonge, et quand un des pieux frères de l’association fait mine de prendre intérêt pour les universités, on découvre bientôt que sous ses paroles se cache une lâche intrigue. Ceux-là savent parfaitement ce qui se trouve au jeu, et quelle sorte de gain on peut y faire ; car l’église protestante tomberait avec les universités, cette église qui depuis la réformation n’a de racines que là, racines si profondes que toute l’histoire de l’église protestante de ces derniers siècles ne consiste que dans les discussions théologiques des doctes universités de Wittemberg, de Leipzig, de Tubingue et de Halle. Les consistoires ne sont que le faible reflet de la faculté de théologie, ils perdraient toute tenue et tout caractère, et tomberaient sous la dépendance des ministères, ou même de la police.

Mais je ne veux pas me livrer à ces considérations fâcheuses, sur-