Y penses-tu ? la mort de mon bouffon ? d’un plaisant de cour bossu et presque aveugle ?
La princesse l’aimait.
Dis-moi, Rutten, tu as vu le prince ; quel homme est-ce ? Hélas ! je lui donne ce que j’ai de plus précieux au monde, et je ne le connais point.
Je suis demeuré fort peu de temps à Mantoue.
Parle franchement. Par quels yeux puis-je voir la vérité, si ce n’est par les tiens ?
En vérité, sire, je ne saurais rien dire sur le caractère et l’esprit du noble prince.
En est-il ainsi ? Tu hésites ? toi, courtisan ! De combien d’éloges l’air de cette chambre serait déjà rempli, de combien d’hyperboles et de métaphores flatteuses, si le prince qui sera demain mon gendre, t’avait paru digne de ce titre ! Me serais-je trompé, mon ami ? Aurais-je fait en lui un mauvais choix ?
Sire, le prince passe pour le meilleur des rois.
La politique est une fine toile d’araignée, dans laquelle se débattent bien des pauvres mouches mutilées ; je ne sacrifierai le bonheur de ma fille à aucun intérêt. (Ils sortent.)
Scène II.
Puisque c’est aujourd’hui le mariage de la princesse, buvons, fumons, et tâchons de faire du tapage.