Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 1.djvu/358

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(2)

deviennent plus substantiels, plus instructifs ; on sent poindre peu à peu la critique dans les auteurs ; la diversité des témoignages en permet le contrôle ; les sources de l’histoire deviennent abondantes, agréables, fécondes : chaque règne, chaque événement considérable, chaque personnage important, est illustré par des biographies, des relations, des mémoires.

On a dit que c’était peut-être à cette multiplicité même des sources de notre histoire qu’il fallait attribuer le manque d’un bon historien qui les résumât ; on a dit que la vie d’un homme ne saurait suffire à tout lire, tout explorer, tout apprécier, tout extraire, et à rédiger en outre un corps complet d’Annales à la manière de Tite Live ou d’Hume. On nous condamnerait, par cette opinion, à n’avoir l’histoire de France qu’en deux parties bizarrement partagées : les livres des érudits, inaccessibles à tout autre qu’aux érudits, hérissés de discussions et de digressions ; et des histoires oratoires, agréables aux gens du monde et d’un facile accès, mais qui font sourire l’érudition.

On doit dire avec plus de justesse que si nous n’avons point encore de bon historien, c’est faute à ceux qui se sont chargés d’écrire notre histoire d’en avoir assez profondément étudié les sources, de s’être assez consciencieusement voués à leur mission, de s’être éprouvés dans un assez long commerce avec les documens originaux. La force de tête nécessaire à ces études pénibles peut se joindre au talent d’é-