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SATIRICON.

Le luxe n’était point assis dans vos palais
Comme au palais du Russe et des nababs anglais ;
À d’autres les trésors volés à l’Allemagne,
Les madones d’argent de la chrétienne Espagne,
Et ses flambeaux d’église et ses doublons royaux,
Et ses moines priant dans ses graves tableaux !
Hélas ! en ces momens de publique souffrance,
Votre vertu romaine eût consolé la France ;
Et lorsque sous nos coups l’Algérien tomba,
Pour elle eût conservé l’or de la Casauba.
Mais avec vous, grand Dieu ! la vertu militaire
Dans son cercueil d’airain dort-elle sous la terre ?

ii.

La sainte poésie et la musique sainte,
Paris, ne règnent plus dans ta coupable enceinte ;
Mais, comme aux temps impurs des antiques Césars,
La danse à l’œil lascif, le dernier des beaux-arts,
Et la chanson lubrique et la peinture obscène,
L’ignoble vaudeville, opprobre de la scène,
Et Plutus, dieu de l’or, chargé de sacs pesans,
Et tous les dieux du ventre et tous les dieux des sens,
Si bien que le burin qui grave notre histoire
Appellera ce temps le second directoire.
Ce règne de la chair pourtant devra finir,
Et ce n’est pas à vous qu’appartient l’avenir ;
Car, après ces momens de rut et de délire,
Ceux-là qui croient à l’ame entreront dans l’empire.

iii.
À la mémoire de George Farcy.


Tandis que chaque jour dans Paris, où nous sommes,
Des hommes sans pudeur pillent les autres hommes,