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ENLÈVEMENT DE GRÉGROIRE vii.

de Cinci, par l’ordre du pape. Mais on fit bientôt une sévère recherche des complices de cet attentat. Un grand nombre eurent le nez coupé, et furent bannis de Rome. On confisqua leurs biens : nouvelle preuve qu’il n’y avait pas seulement dans ce complot des bandits aventuriers, mais aussi quelques-uns de ces nobles romains, rivaux du pouvoir pontifical.

Cinci, couvert dans le premier moment par la puissance du pardon apostolique, s’était échappé avec sa femme, sa sœur, ses enfans, ses frères, pendant que le pape célébrait l’office d’action de graces[1]. Par un décret du sénat, les maisons fortifiées qu’il avait dans Rome furent démolies, et ses biens confisqués.

Bientôt le pape le somma de comparaître pour la pénitence qui lui était imposée ; mais lui, retiré dans un château voisin de Rome, fit des courses sur les domaines de l’église, et vécut de rapines et de brigandages. Le pape le fit particulièrement excommunier par l’évêque de Preneste, dans le diocèse duquel était son nouveau repaire ; mais cet homme, qui n’avait plus à craindre la fureur de tout le peuple de Rome, continua ses violences jusqu’au moment où il alla rejoindre le roi de Germanie.

Tandis que Cinci, de conspirateur devenu chef de brigands, faisait quelques pillages dans la plaine, le calme était rétabli dans Rome ; et l’autorité du pontife y semblait mieux affermie que jamais par le dévouement populaire. On venait de voir cependant quel était le faible de cette puissance si superbe et si redoutable au dehors. Il était donc possible d’outrager jusque dans son sanctuaire cette souveraineté presque divine, qui s’élevait au-dessus de tous les trônes. Même en excitant l’indignation, l’attentat de Cinci pouvait au loin affaiblir dans les esprits la majestueuse inviolabilité du pontife. C’est par-là, sans doute, qu’il faut expliquer le silence que Grégoire vii garda sur ce singulier évènement. Il ne fit retentir dans la chrétienté aucune plainte, aucun anathème. Il n’accusa personne d’être l’instigateur ou le complice de Cinci.

Cette intention est surtout remarquable dans une lettre que Grégoire vii écrivait à Henri, le 8 janvier 1076, treize jours après cette

  1. Ipso vix interventu papæ, cui se reum dederat, inde vivo propulsato. Berthold Chronicon, pag. 29.