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tation des végétaux, ce qui tend à confirmer la théorie des assolemens.

M. Macaire a eu lui-même occasion, dans le cours de ses expériences, de voir les excrémens de certains végétaux servir à d’autres alimens. Pendant qu’il s’occupait de la famille des légumineuses (et les seules qu’il soumit à ses observations étaient les espèces employées communément dans l’économie domestique, les pois, les fèves, les haricots), il remarqua que lorsque l’eau dans laquelle ces plantes avaient vécu était chargée de beaucoup de matière excrémentitielle, les nouvelles plantes de même espèce qu’on y mettait n’y vivaient pas bien et se flétrissaient assez vite. Ayant remplacé au contraire les légumineuses par des plantes d’une autre famille, celles-ci y prospéraient. Le blé, par exemple, y vivait très bien, et l’on voyait, à mesure qu’il séjournait dans le liquide, celui-ci perdre graduellement sa couleur jaune. La proportion de résidu obtenu par l’évaporation devenait en même temps de moins en moins considérable, de sorte qu’il était évident que le blé absorbait une partie de la matière sécrétée par les fèves. C’était une sorte d’assolement dans une bouteille.

Un accident survenu dans le cours des expériences que nous venons de rapporter, fournit à M. Macaire l’occasion de déterminer les circonstances dans lesquelles certains gaz exercent sur les végétaux une action délétère.

Plusieurs des plantes sur lesquelles on observait les excrétions des racines, ayant été endommagées par des exhalaisons de chlore, M. Decandolle, qui en fut informé, engagea M. Macaire à voir si l’action avait lieu de jour ou de nuit.

C’est pendant le jour, remarquait le savant botaniste, qu’ont été faites les expériences d’après lesquelles on a rejeté comme non fondées les plaintes des agriculteurs qui soutenaient que les exhalaisons de certaines manufactures nuisaient aux plantes situées dans le voisinage. Les chimistes ont presque toujours déclaré que l’action de ces gaz sur les végétaux était nulle, et ils n’ont pas soupçonné que l’heure pouvait avoir de l’influence sur le résultat. Peut-être auraient-ils été conduits à des conclusions toutes différentes, si leurs expériences, au lieu d’être faites de jour, temps pen-