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MÉLANGES.

avant de remettre le haricot dans l’eau où la veille il avait passé le jour. Pendant une semaine, la plante fut ainsi, deux fois par vingt-quatre heures, passée d’un flacon à l’autre. Au bout de ce temps, les liquides contenus dans les deux flacons furent examinés : dans l’un comme dans l’autre, on trouva les produits de la sécrétion des racines ; mais l’eau dans laquelle la plante avait végété toutes les nuits en contenait une proportion beaucoup plus considérable que l’autre. M. Macaire s’assura par la suite qu’en faisant pendant le jour une nuit artificielle pour les plantes, on augmentait sur-le-champ d’une manière très sensible l’excrétion des racines. Ce résultat curieux pouvait d’ailleurs, jusqu’à un certain point, être prévu ; on sait en effet que c’est pendant le jour et sous l’influence de l’action exercée par la lumière que les racines des plantes absorbent les liquides qui servent à leur alimentation : il était donc naturel de penser que ce serait surtout pendant la nuit, époque où cesse cette absorption, que l’excrétion aurait lieu.

Il était probable, d’après ce qui vient d’être dit, que les plantes pourraient se servir de leurs racines pour se débarrasser des substances nuisibles qu’elles auraient ingérées ; c’est ce qui fut mis hors de doute par les expériences suivantes. Des plantes de mercuriale, lavées avec précaution dans l’eau distillée, furent placées de manière à ce qu’une partie de leurs racines plongeât dans une solution légère d’acétate de plomb, et l’autre partie dans l’eau pure. Elles végétèrent assez bien pendant quelques jours, après quoi l’eau qui avait été placée pure au commencement de l’expérience contenait une certaine quantité de sel de plomb, sel qui avait été déposé évidemment par les racines qui y trempaient. Les essais variés de diverses manières tendirent tous à prouver que la sécrétion des racines est un des moyens par lesquels le végétal se débarrasse des substances qu’il a absorbées, et qui lui sont nuisibles ou seulement inutiles.

Les essais que M. Macaire a faits jusqu’à présent pour déterminer la composition des matières excrétées, ne sont pas très nombreux ; cependant ils ont déjà conduit à ce résultat, que la nature de ces matières varie selon les familles de végétaux qui les produisent ; que les unes, étant âcres et résineuses, peuvent nuire, et d’autres, étant douces et gommeuses, peuvent aider à l’alimen-