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du général Sébastiani fit sa jonction avec le premier corps commandé par le maréchal Bellune, et passa le pont du Guadarama sur la route de Madrid, à Talaveyra où se livra la fameuse bataille de ce nom. Pendant ce temps, le général Vénégas, qui ne voyait plus devant lui le général Sébastiani, et qui tenait sans doute à continuer la correspondance commencée avec lui dans les montagnes de Tolède, s’avança dans la Manche et marcha doucement et timidement sur ses traces. Avant le combat de Talaveyra, Vénégas essaya de faire quelques démonstrations sur Tolède ; mais, ayant appris la retraite du général Wellington qui avait perdu cette bataille, où il n’avait fait, au dire des militaires expérimentés, que fautes et bévues, il concentra ses forces et vint s’établir à Almanacid. Il avait avec lui vingt mille hommes, ainsi que le prouve la correspondance du major-général, et non pas trente mille hommes, comme l’a dit le général Sébastiani, dans un rapport qui rappelle un peu le récit de la bataille de Thèbes par Sosie.

Après la bataille de Talaveyra, le 4e corps, commandé par le général Sébastiani, eut ordre de revenir sur ses pas, et de contraindre les Espagnols à se rejeter dans les montagnes de Tolède. Le 10 août, le général Sébastiani, surmontant son dégoût pour les reconnaissances, s’avança pour examiner la position. Peut-être, monsieur, avez-vous visité Almanacid dans vos voyages. C’est une petite ville pittoresque, juchée sur un mont isolé, comme Montmartre au milieu d’une plaine, ou comme Harrow-on-the-Hill, où vous fûtes élevé avec Byron, et dont vous me parliez si souvent. La ville s’élève gaiement avec ses clochers noirs et ses aiguilles, sur ce mont escarpé. Un alcazar, ou vieux château moresque, la couronne et la protège. L’ennemi l’avait mis un peu en défense, et sa cavalerie, peu considérable, bivouaquait à gauche et à droite dans la plaine. L’infanterie campait sur la pente de la montagne, « de sorte, dit M. Sébastiani dans son rapport, qu’il était fort difficile de s’en emparer. » M. Sébastiani signale aussi dans ce rapport quarante pièces de canon, qu’il a comptées et vues, vues de ses propres yeux, sur le penchant de cette montagne ; mais ni les Espagnols, ni les Français, n’ont jamais pu les retrouver.

J’ai entendu dire à un général dont M. Sébastiani lui-même ne