par Fraser ; Hajji Baba, de Morier. Les Contes et Confessions, de Leitch Ritchie ; les Fêtes de Munster, par Griffin, les Légendes des Fées, par Crocker, sont d’un ordre différent. Ces derniers ouvrages sont empreints d’une couleur poétique, superstitieuse et populaire à la fois.
Je ne dois pas oublier l’auteur d’Élisabeth de Bruce[1], ouvrage charmant, dont l’introduction est inimitable. J’aurais tort également de passer sous silence les tableaux maritimes si vrais pour le fonds, si intéressans par la forme, qu’ont publiés Marryatt, Glascock, Chamier, Basil, Hall, et l’auteur du Patricien sur mer. Comme je n’écris que de mémoire, plus d’une faute doit m’être échappée, et je n’ai cherché qu’à exprimer les impressions qu’une lecture rapide a laissées dans mon esprit. Aussi est-il probable que j’aie oublié plus d’un nom que j’estime et j’admire ; mon appréciation doit être incomplète sous plus d’un rapport.
Des sommités de la fiction descendons maintenant dans les régions de la vie historique, de la réalité, de la vérité, de l’investigation laborieuse. Adieu aux belles féeries, aux créations bizarres et fantastiques ; il nous faut suivre la route macadamizée, la route droite et bordée de trottoirs que le génie de l’industrie moderne ouvre devant nous. Déjà j’ai rencontré dans les domaines de la fiction les traces malheureuses de cette tendance ; déjà j’ai trouvé la machine à vapeur, les roues et les leviers, les ressorts et les poulies dans le royaume aérien du roman et de la poésie. Tout change : l’utilité matérielle envahit le globe ; les plus belles rivières, celles que les anciens souvenirs de la gloire guerrière couvrirent de leur prestige, coulent emprisonnées dans d’étroits canaux ; le teinturier s’établit sur ses bords, et l’onde, autrefois limpide, emporte avec elle tous les débris de la fabrique impure. Tout devient machine, jusqu’à l’air lui-même, qui n’est plus bon qu’à soutenir un aérostat. Dans le cercle magique des fées, Vatt et Boulton ont placé une machine à vapeur de la puissance de soixante et dix chevaux. Le Parnasse ne résonne plus du bruit mélodieux des ruisseaux et du chant de Philomèle, et son écho ne répète plus d’autre bruit que celui des presses à vapeur, lançant dans le public leurs milliers d’exemplaires, leurs magasins à deux sous.
(La fin comprendra les Historiens, les Dramatistes et les Critiques anglais.)
- ↑ Mistriss de Bray.