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chimériques qu’on l’a bien voulu dire depuis quelques années. La même analogie d’action, chez des plantes dont l’affinité botanique est encore moins frappante, a été signalée par un naturaliste colombien, le savant Caldas. Voici ce qu’il en dit dans le Semenario del nuevo regno de Granada, tom. 1, p. 234.

« En 1803, je fis une excursion botanique dans les vastes forêts de Mira, Santiago, Carapas, etc., lieux brûlans où abondent les serpens venimeux. J’étais accompagné par un Indien noanama, curandero renommé. Lorsque l’Indien me voyait tressaillir à l’approche de ces animaux : — Ne crains rien, me disait-il, ne crains rien, blanc ; s’ils te piquent, je te guérirai. — Je cherchai par toutes sortes de moyens à gagner son amitié ; je flattais son goût pour les liqueurs fortes, je lui faisais divers petits présens ; enfin, quand je crus posséder sa confiance, je le priai de me faire connaître ses secrets et ses herbes. Il y consentit, mais en me faisant promettre le secret, et se cachant toujours très soigneusement des autres personnes de l’expédition botanique. Quelquefois, quand nous étions hors de vue, il s’écartait tout à coup du chemin, cueillait un rameau, et me le donnant furtivement : Tiens, disait-il, voilà une bonne contra. J’observais, je déterminais le genre, je décrivais l’espèce, et je la dessinais. De cette manière j’en vins à connaître bientôt un assez grand nombre de contras, pour me servir du langage de mon compagnon. Mais ce qui me surprit et appela toute mon attention, ce fut que toutes les plantes qu’il me présenta comme efficaces contre la morsure des serpens appartenaient à un seul genre. Toutes étaient des Beslerias. Qui pouvait, je le demande, avoir appris à ce rustre à reconnaître sans jamais s’y tromper, les plantes de ce genre, d’un genre aussi varié et aussi capricieux (caprichoso) ? La vérité est que ces pauvres ignorans avaient été conduits par l’étude des propriétés médicales à réunir dans un groupe unique sous le nom de contra les mêmes espèces dont les botanistes, d’après l’étude des organes, ont formé leur genre. »


LES JACHÈRES DE FRANCE ET LES CAPOEIRAS DU BRÉSIL.

On a remarqué de temps immémorial que, lorsque la même terre a été ensemencée plusieurs années de suite avec la même espèce de grains, la récolte diminue et peut même devenir assez pauvre pour