trie, de physique ? — Il s’arrêtait entre chaque mot, et à chaque mot je sentais la rougeur me monter au visage et la sueur me couler sur le front ; c’était la première fois qu’on me mettait ainsi face à face avec mon ignorance.
— Non, général, répondis-je en balbutiant. — Il s’aperçut de mon embarras.
— Vous avez fait votre droit ?
— Non, général.
— Vous savez le latin et le grec ?
— Un peu.
— Parlez-vous quelques langues vivantes ?
— L’italien assez bien, l’allemand assez mal.
— Je verrai à vous placer chez Laftitte, alors. Vous vous entendez en comptabilité ?
— Pas le moins du monde. — J’étais au supplice ; lui-même souffrait visiblement pour moi. — Oh ! général, lui dis-je avec un accent qui parut l’impressionner, mon éducation est complètement faussée, et, chose honteuse ! je m’en aperçois d’aujourd’hui seulement ; mais je la referai, je vous en donne ma parole d’honneur.
— Mais en attendant, mon ami, avez-vous de quoi vivre ?
— Oh ! je n’ai rien, répondis-je, écrasé par le sentiment de mon impuissance.
Le général réfléchit un instant.
— Donnez-moi votre adresse, me dit-il, je penserai à ce qu’on peut faire de vous.
Il me présenta de l’encre et du papier ; je pris la plume avec laquelle cet homme venait d’écrire. Je la regardai, toute mouillée qu’elle était encore, et je la posai sur le bureau.
— Eh bien ?…
— Je n’écrirai pas avec votre plume, général ; ce serait une profanation.
— Que vous êtes enfant ! Tenez, en voilà une neuve.
— Merci. — J’écrivis ; le général me regardait faire. À peine eus-je écrit quelques mots, qu’il frappa dans ses deux mains.
— Nous sommes sauvés, s’écria-t-il.
— Pourquoi cela ?
— Vous avez une belle écriture.