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MÉLANGES


DE SCIENCES ET D’HISTOIRE NATURELLE.




L’ARBRE SAINT DE L’ÎLE DE FER.


De tous les hommes qui, par différens moyens, concourent à l’accroissement des connaissances humaines, les voyageurs sont incontestablement ceux dont le travail est à la fois le plus pénible et le moins récompensé. C’est beaucoup si on daigne leur tenir compte des fatigues et des privations qu’ils s’imposent ; on oublie les dangers de diverse nature auxquels ils sont tous plus ou moins exposés, dangers tels cependant que la durée moyenne de leur vie s’en trouve réduite au point de n’être guère que la moitié de celle des savans sédentaires.

À la vérité, depuis un siècle environ, la condition des voyageurs s’est améliorée en ce sens que du moins on ne conteste pas sans de graves motifs la fidélité de leurs récits. Mais tous ceux qui les ont précédés étaient-ils donc indignes de confiance et méritaient-ils qu’on fît du mot voyageur un synonyme de celui de menteur ? Non sans doute. J’ai lu beaucoup d’anciennes relations de voyages, et je puis assurer que dans toutes celles qui sont écrites par l’observateur lui-même on trouvera, sinon autant de précision, du moins autant de sincérité que dans les relations modernes.

D’où vient donc cette accusation d’imposture qu’on a fait peser si long-temps sur les voyageurs ? est-ce pour ce qu’ils comptaient d’étrange ? Mais s’ils n’avaient dû trouver dans leurs courses lointaines que ce qui se voyait dans leur propre pays, ce n’eût pas été la peine d’en sortir.