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FÊTES DE LA JURA.

En somme, cette fête assez peu animée, où les chevaux, vifs et fringans andaloux, véritables chevaux de théâtre, élégamment parés de réseaux de soie, n’avaient pas le plus mal joué leurs rôles, n’étaient guère au fond qu’un exercice de manège en cérémonie ; une pièce à la manière de celles des frères Franconi de Paris. — Sous un autre aspect, elle était pourtant au moins curieuse en ce sens qu’elle semblait un dernier vestige de chevalerie, et apparaissait comme une ombre des tournois du temps passé.

Au xixe siècle, l’Espagne était bien aussi le seul pays du monde où il y eût une noblesse qui pût venir, à la voix du maître, figurer pour son bon plaisir sur un théâtre ainsi qu’une troupe d’acteurs, et donner elle-même un spectacle public.

Les parejas courues, les cavaliers mirent pied à terre, laissant leurs chevaux aux mains des livrées, et, avant le départ de leurs majestés, montèrent à leur loge leur baiser les mains.

Les maestrantes, étant de grands seigneurs, furent mieux traités que les toreros qui, après les courses de taureaux, auxquelles ont assisté leurs majestés, ne sont admis au baise-main qu’au bas de l’escalier, à la portière de la voiture.

ix.
LA MASCARADE ROYALE.


Les mascarades, — les mogigangas, — sont des fêtes nationales fort anciennes en Espagne, et qui ne manquaient guère autrefois d’y accompagner les grandes solennités royales ou religieuses.

Don Antonio Hurtado de Mendoza raconte qu’après la jura de don Baltazar Carlos, fils de Philippe iv, il y eut une brillante mogiganga dont firent partie beaucoup de seigneurs de la cour. Ils vinrent escortés d’un grand nombre de laquais, vêtus de riches livrées, qui portaient des torches de cire blanche, et s’étant réunis sur la place de San-Salvador, ils s’en furent vers celle du palais où ils formèrent des quadrilles qui réjouirent fort le peuple.

On avait exhumé la jura de don Baltazar Carlos ; — il était juste qu’on exhumât une mascarade analogue.