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meilleure place ; — mais j’interceptais ainsi la vue de toute la colonne. On me cria unanimement d’ôter mon chapeau, parce que j’empêchais de voir. — J’ôtai mon chapeau.

Trois amours de plâtre couronnaient encore, les bras entrelacés, le dernier pilier du temple qui fût demeuré debout. Ils tenaient bon sur ce piédestal embrasé, et se maintenaient bravement au milieu des flammes qui voltigeaient autour d’eux. Ce fut là, pour mes voisins de la colonne, un grand sujet d’amusement et le texte d’une foule d’observations joyeuses.

— Ce sont de courageux martyrs, dit l’un, intimement convaincu qu’une figure sculptée ou moulée ne peut être autre chose qu’un saint.

— Ce sont des amours, dit un autre, mieux versé dans la mythologie, — des amours hérétiques condamnés au feu. — Et qui se moquent de lui parce qu’il est leur élément, — ajouta un troisième.

À ce moment, les amours s’abîmèrent avec le pilier qui les soutenait.

Il ne restait plus du monument gréco-gothique qu’un large brasier sur lequel on aurait pu faire aisément rôtir tous les taureaux tués dans la course royale. — La déesse du temple, — la pauvre Minerve, si blanche encore et si fraîchement badigeonnée le matin, réapparut au-dessus de cette fournaise, un peu échauffée pour une fontaine, et passablement noircie par la fumée.

Ce fut là tout le dommage. — Mais la dernière des illuminations de la Jura avait été un incendie ! Était-ce un présage ? —


vi.


LES TAUREAUX DE LA VILLE.


Le 23 et le 25, ce fut la ville à son tour qui donna ses fêtes à la Plaza Mayor. — Ces deux jours-là, il y eut également des courses le matin et le soir. Il y eut les courses d’essai et les courses de cérémonie. Ces dernières, qui attirèrent la même foule affamée de taureaux, et que leurs majestés et leur cour honorèrent