Dans une heure, avant ce soir, j’aurai trouvé le dernier mot de la science.
Il n’y a plus ni heures, ni journées. C’est là son premier mot. Demande-le à cet enfant qui ressuscite.
PREMIÈRE SCÈNE DU JUGEMENT DERNIER.
Les fleurs flétries sur les tombeaux sont les premières ressuscitées ; je les entends déjà qui se rhabillent sur leurs tiges.
Si c’est le jour du jugement, nous nous levons au plus haut de nos tiges, pour que notre jardinier nous cueille. Nous n’avons rien à craindre du jardinier de Golgotha. Nous avons fait la tâche qu’il nous avait donnée. Chaque matin nous avons lavé nos écharpes et notre tunique dans la rosée, pour que le baiser de l’abeille n’y laissât point de traces. Chaque soir, nous avons filé, sur notre quenouille, notre fuseau parfumé dans nos doigts. Pas une fois, le soleil en se levant tout éclos, au plus haut du feuillage du ciel, ne nous a trouvées endormies sur notre chevet. Pas une fois, la mer, en se couchant dans sa corolle de rocher, ne nous a appelées à demi-voix de son dernier murmure, sans que nous n’ayons laissé tomber sur elle notre corbeille pleine de feuilles de citronniers et de roses sauvages. En hiver, nous avons mis sur nos épaules notre manteau de neige. En été, nous avons pris dans notre coffre notre ceinture qu’un rayon des étoiles nous tissait. Si une larme d’une femme tombait par hasard sur la terre, toujours nous l’avons recueillie sur le bord de notre calice. Si Ahasvérus passait par notre chemin, toujours nous avons baigné notre couronne dans le sang de Golgotha.
J’ai mis tous vos parfums dans ma cassolette ; n’ayez pas peur, ils ne sont pas perdus ; je vous les rendrai pour l’éternité.