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DE LA CHINE.

M. Rémusat, qui n’est point suspect de témérité en ce genre, pensait que le premier chapitre du Chou-King date à peu près de l’époque qu’il raconte, de deux mille trois cents ans environ avant Jésus-Christ. Dans ce chapitre, des étoiles sont indiquées dans une position qu’en raison de la précession des équinoxes elles n’ont pu occuper depuis. En outre, tout y porte le cachet d’une civilisation primitive, et rien n’y sort de la vraisemblance. Là, point d’incidens ou de personnages merveilleux : ce qu’on trouve au début de cette histoire, ce sont des hommes occupés à dessécher et assainir les terrains qu’ils habitent, et que des inondations ont submergés. C’est ainsi qu’on a dû commencer, en effet, après ces déluges locaux dont on trouve partout des traces. Le style est d’une grande simplicité, et contient des caractères qu’on ne rencontre pas dans les monumens plus récens. Rien donc ne s’oppose à ce que certains endroits du Chou-King aient véritablement l’antiquité qu’on leur attribue. S’il en est ainsi, en voyant les lieux communs de la morale chinoise déjà débités par le roi Yao et le roi Chun, plus anciens que Moïse, on ne pourra s’empêcher d’admirer combien la pédanterie a été précoce dans le royaume du milieu. Il n’y aurait pas sujet de s’en trop étonner chez un peuple qui a connu l’écriture et l’histoire, à l’époque où les autres en sont encore à la poésie et au chant ; mais peut-être doit-on à Confucius une partie de cette morale du Chou-King, peut-être a-t-il placé ses maximes dans la bouche de Yao, comme il a mis ses opinions dans les trigrammes de Fo-Hi.

Le livre des vers (Chi-King) est encore une compilation de Confucius. Cherchant partout dans le passé des appuis à ses principes, il fit un choix parmi les anciennes chansons, qu’on était, long-temps avant lui, dans l’usage de recueillir. Bien que toutes ne soient pas très édifiantes, Confucius n’hésita pas à y trouver ses maximes de morale et de gouvernement. Et sur la parole du maître, toute l’école a commenté en ce sens de mille manières les trois cent onze petites pièces lyriques dont se compose le livre des vers.

Indépendamment de ces interprétations forcées, ce livre est curieux en lui-même : il contient une poésie populaire, une poésie de cour et de circonstance, du xiie siècle avant J.-C., du troisième avant Homère. Certains morceaux étaient déjà anciens à cette épo-