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REVUE. — CHRONIQUE.

constance, et qu’il ne voudra pas troubler la touchante union qui règne depuis si long-temps dans le ministère.

Nous ne dirons plus qu’un mot de M. Thiers. Le cocher qui a été la cause de sa chute, non pas dans un fossé, mais dans une carrière de Vaugirard, est, dit-on, celui qui sauva la vie à Casimir Périer, lorsqu’il se trouva engagé dans une émeute, au milieu de la place Vendôme, vers les premiers temps de la révolution de juillet. Bayard, c’est le nom de ce cocher, a failli faire tuer M. Thiers, mais il avait sauvé Périer. Il doit être absous ; car il y a là, ce nous semble, une compensation très ample.

— Les jeunes légitimistes voyageurs sont revenus de Prague. Ils se félicitent beaucoup de l’accueil qu’ils ont reçu de Henri v et de Charles x ; mais ils se plaignent beaucoup de la police autrichienne. Plusieurs d’entre eux ont été poursuivis comme des malfaiteurs ; mais partout ailleurs que dans la Bohême, ils ont reçu le meilleur accueil. On leur a montré au Hradschin la fenêtre d’où Rodolphe ii, aidé de son Ticho-Brahé, s’efforçait de lire dans les astres son destin, qui se termina presque aussi tristement que celui de Charles x, et une autre fenêtre d’où furent précipités, en 1618, les conseillers Martinez et Slebata ainsi que le secrétaire Fabricius. Tout parle de rois tombés et de ministres punis à Prague, et les notions qu’y ont recueillies les jeunes voyageurs produiront peut-être quelques utiles enseignemens.

M. Charles Nodier a été reçu à l’Académie en remplacement de M. Laya. C’est un acte de justice auquel on doit applaudir, quoiqu’il soit bien tardif. M. Salvandy était le concurrent de M. Nodier ; il s’était retiré de bonne grace au moment de l’élection.

— Les théâtres ont représenté quelques pièces nouvelles. Aux boulevarts, Struensée, drame de M. Gaillardet, ouvrage très faible et mal conçu ; au Gymnase, le Soupçon, vaudeville sans intérêt et Christophe farce plaisante où Bouffé joue plusieurs rôles. Le seul événement dramatique de cette quinzaine, c’est l’apparition de Mlle Giulietta Grisi dans le rôle de Ninetta, de la Gaza ladra, si bien chanté par Mme Malibran. Mlle Grisi a obtenu un plein succès. Nous reviendrons sur cette brillante actrice.

— Un officier polonais, M. Charles Forster, vient de publier la première livraison d’un ouvrage intitulé : la Vieille Pologne[1]. Ce bel ouvrage est un album historique et poétique, qui renferme les légendes célèbres de

  1. in-4o, chez l’éditeur, rue de Richelieu, no 12.