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REVUE DES DEUX MONDES.

Every day, and all day long,
He mused or slumbered to a song.
But she is dead to him, to all !
Her lute hangs silent on the wall ;
And on the stairs, and at the door
Her fairy foot is heard no more !
At every meal an empty chair
Tells him that she is not there
.

« À peine le soleil, traversant le vitrage, avait-il jeté sur la pourpre du sol les diamans qui étincelaient dans les carreaux, Jacqueline chantait ; elle chantait sans cesse les chansons qu’il lui avait apprises ; et, pour s’arrêter, elle attendait que la dernière clarté du soir s’effaçât. Chaque jour, et tout le long du jour, il rêvait ou sommeillait bercé par ses chants. Mais la jeune fille est morte pour lui, pour tous ! Son luth muet se balance suspendu à la muraille ; le bruit léger de ses pas ne retentit plus à la porte, sur l’escalier ; et, quand il va pour prendre place à table, un siège vide lui dit qu’elle n’est plus là… »


Le libraire rompit cette étrange association de Lara et de Jacqueline, et il n’en résulta aucune froideur entre les deux poètes. Ils continuèrent à se voir fréquemment. Plus tard, Moore et Campbell se joignirent à eux, et Lara et Jacqueline devinrent ainsi le sujet de beaucoup de joyeux propos, et grand nombre de bouteilles furent vidées en leur honneur. Rogers n’aspirait pas à écrire d’autre histoire d’amour, mais il voulut probablement donner à son noble ami une leçon de morale dans le poème qu’il composa sous le titre de : la Vie humaine (Human life). Cet ouvrage occupe un rang élevé dans l’estime publique, et renferme des passages que ne répudierait aucun poète. Le sujet en est trop vaste ; puis le but peut bien être manqué, car il est rare, je crois, de voir l’homme s’amender d’un défaut moral, par respect pour quelques principes écrits en vers délicieux. Quand le poète fait siffler comme un fouet armé de pointes la satire implacable, on le craint du moins. Mais Rogers n’avait aucune prétention satirique. Il ne voulait pas mettre à nu la nature humaine pour la mieux fustiger.

Il la passe seulement en revue avec beaucoup d’indulgence, et la re-

    verses écoles : ici Walter Scott et Southey, les poètes de la légende ; là Byron, dans sa noble solitude ; ailleurs Rogers et Campbell, soutiens de l’ancienne pureté poétique ; plus loin Wordsworth et Coleridge, poètes platoniciens ; enfin Hogg et Grahame, les élèves de Burns. Ce classement eût jeté plus de clarté dans le tableau.