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LITTÉRATURE ANGLAISE.

préface l’explication de ce titre singulier. « Une dame le pria d’écrire un poème en vers blancs, et lui indiqua pour sujet le Sopha. Il agrandit son thème, élargit son cercle, et s’abandonnant aux rêves que lui donnait sa situation d’esprit, il en vint à faire, de ce qu’il regardait d’abord comme une plaisanterie, quelque chose d’assez sérieux… un volume. » La Tâche obtint les suffrages universels. On se plut à y chercher ces peintures si vraies des hommes et des choses, ces beaux paysages variés d’après les saisons ; et cette suite de tableaux tristes ou rians, mais toujours vrais, dans leurs masses, dans leurs détails, dans leurs beautés, dans leurs difformités même. La touche de Cowper était brillante et délicate. Toutes les idées qui doivent un jour ou l’autre traverser notre vie et l’influencer se retrouvent dans cet ouvrage. Cowper plaide la cause du pauvre et du malheureux en face du riche ; il avertit les grands de leurs devoirs envers la patrie, envers ceux qui souffrent, envers Dieu ; il demande compte au parlement ; il fait vibrer sur la chaire évangélique le fouet de ses vers acérés, présente aux cités corrompues le miroir de leurs vices, miroir devant lequel elles doivent frissonner, et offre aux habitans des prés et des plaines le tableau non moins fidèle des folies qui entraînent leurs enfans. La satire est vive, judicieuse, mordante ; ses plaintes ne sont point outrées, et sa douceur n’est pas dénuée d’énergie. Il court, il est vrai, d’un sujet à l’autre ; mais une chaîne sympathique, une sensibilité tendre, une spirituelle observation, rallient et réunissent les objets les plus disparates. Son vers est mâle, fortement accentué, libre d’entraves. Des critiques ont à tort voulu nous le montrer comme un écho des Pensées nocturnes (Night Thoughts) : Cowper est original dans son expression et dans sa pensée. Est-ce ici le langage d’Young l’épigrammatique ?

How in the name of soldiership and sense
Should England prosper, when such things as smooth
And tender as a girl, all essenced o’er
With odours, and as profligate as sweet,
Who sell their laurel for a myrtle wreath,
And love when they should fight, — when such as these
Presume to lay their hand upon the ark
Of her magnificent and awful cause.

« Au nom de l’honneur et du bon sens, répondez ! Comment notre pays serait-il heureux, quand des êtres débiles et doux comme des vierges, des êtres embaumés de parfums et couverts de vices, jeunes gens qui parlent d’amour quand