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LITTÉRATURE ANGLAISE.


en Écosse, exprimèrent leurs émotions dans le langage de la nature et de la vérité. La poésie anglaise renaquit. Il est vrai que ces deux poètes jouissaient déjà d’une grande renommée avant la révolution française ; mais Cowper n’avait pas écrit son principal ouvrage, ni Burns la plupart de ses poésies, lorsque l’indépendance de l’Amérique fut proclamée ; et sans vouloir les soumettre d’une manière trop absolue à l’influence de nos orages politiques, on peut croire pourtant qu’ils furent l’un et l’autre stimulés par l’esprit d’investigation auquel on s’abandonnait alors sans contrainte. Un critique célèbre[1] attribue ce changement opéré dans la littérature, à la publication des Trésors de l’ancienne poésie anglaise (Reliques of ancient english poetry) ; mais les belles ballades contenues dans ce recueil n’étaient pas inconnues. C’étaient des monumens domestiques, familiers aux hommes instruits de l’Angleterre ; elles n’avaient jamais perdu toute influence sur les esprits accessibles aux émotions vraies, même revêtues d’un style sauvage et peu cultivé. Quoi qu’il en soit, une réforme salutaire fut opérée : les muses sortirent de leur ornière pour faire entendre une voix forte et puissante, et vers le nord comme vers le sud, à l’est comme à l’ouest, la Grande-Bretagne s’élança vers une poésie nouvelle.

J’ai voulu retracer brièvement le caractère de l’ancienne littérature anglaise ; je vais poursuivre le plan que je me suis prescrit ; et dans une suite de biographies critiques, j’embrasserai tour à tour la poésie, le roman, l’histoire, le drame, etc. Je m’attacherai à puiser mes renseignemens

    indépendans. Le plus beau morceau des poésies de Cowper est un Appel aux Français contre la Bastille, alors debout, vénérée et redoutée. Il les invite à se lever en masse contre l’infame prison ; il leur dit que Dieu le veut ; que détruire la Bastille, c’est un acte de piété et de vertu ; que cent victoires ne vaudraient pas cette victoire, et qu’elle effacerait la honte de cent défaites. Ce sublime morceau date de 1778, et ne fut inspiré au poète que par sa pensée intime, sœur des pensées enthousiastes qui fondèrent la république puritaine sous Cromwell.

  1. Thomas Campbell. — Cette explication est incomplète. Il y avait alors besoin de liberté, fatigue des règles scolastiques, révolte secrète contre les sentences du pédantesque dictateur Samuel Johnson ; on revenait à Shakspeare ; on admirait la naïveté des vieilles ballades ; on étudiait le style des anciens auteurs tragiques ; ce style libre, ardent, facile, ingénu, prêt à tout, avait un charme nouveau. Il est très vrai, comme l’a dit Campbell et comme Walter Scott l’a répété, que le Recueil de Percy produisit beaucoup de sensation dans le public et parmi les auteurs ; mais cette sensation n’était que l’écho d’un besoin généralement senti, même avant la publication.