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elle qui est disséminée dans presque toute l’Asie, elle placée, comme dit M. Rémusat, entre le golfe Adriatique et le lac Baikal, entre les Samoyèdes et les Indous. Je ne puis le suivre dans ses recherches ingénieuses de désert en désert, de tribu en tribu, poursuivant partout les analogies certaines du langage, rejetant sans hésiter les analogies trompeuses, démêlant les confusions qu’introduit la ressemblance ou l’altération des noms ; car les jeux de mots, et si j’osais le dire, les calembourgs involontaires, tiennent une grande place dans la partie erronée des systèmes historiques. Il faudrait entrer dans des détails que ne comporte pas cette notice ; et peut-être serait-il indifférent au lecteur d’apprendre à la fin que les Hioung-Nou sont la tige des nations turques. Cependant cela est de quelque importance ; car si les Hioung-Nou sont les Huns, comme il est probable, n’est-il pas curieux de savoir s’ils sont Finnois ou Turcs ; en d’autres termes, si Attila était de la famille des Lapons et des Hongrois, ou cousin de Bajazet et de Mahmoud.

Pour les Thibétains, ils forment une population à part. Renfermés dans leurs montagnes, ils ne furent jamais conquérans, excepté une fois, au ixe siècle, quand ils s’avancèrent jusqu’au golfe du Bengale, qui porta le nom de mer du Thibet. Leur histoire, peu en rapport avec celle du reste du monde, est en conséquence peu connue. Son principal intérêt se rattache aux destinées du bouddhisme qui y a été apporté d’ailleurs, et y a pris la forme particulière du lamisme, espèce de papauté dont nous aurons occasion de reparler.

Mais s’il faut quelque effort pour s’intéresser aux découvertes même les plus essentielles, quand elles portent sur des pays éloignés, sur des évènemens obscurs et isolés, il est naturel au contraire d’être vivement frappé de résultats qui intéressent notre histoire. Il est piquant de trouver la Tartarie et la France en relation diplomatique, et ce fut une bonne fortune pour M. Rémusat de rencontrer dans les archives du royaume des pièces de la chancellerie mongole ; de lire pour la première fois ces lettres du petit-fils de Gengis-khan à Philippe-le-Bel, six cents ans après qu’elles avaient été écrites. Les deux beaux mémoires qu’il a consacrés à ce sujet entièrement neuf, contiennent les plus curieux