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à ce que les feuilles allemandes s’en aillent plus au loin, et comptent un plus grand nombre d’abonnés.

Mais cette entrave prend encore bien plus de gravité lorsqu’au lieu d’établir des relations dans l’Allemagne même, on veut étendre ces relations à l’étranger. Alors, l’expédition que l’on ferait au moyen de la librairie devient véritablement trop lente pour qu’il soit possible d’y songer ; et la poste allemande, qui se charge des abonnemens, perçoit sur chacun de ces abonnemens une taxe fort élevée. On en jugera par le tableau suivant :


Les Journaux politiques quotidiens coûtent, pour l’année,
à Paris : 80 fr.; à Berlin : 122 fr. 50 c.
La Revue des Deux Mondes 
50 67 50 c.
— — — Britannique 
52 66 30 c.
— — — Encyclopédique 
50 75 » c.
— — — Germanique 
25 37 50 c.
Le Cabinet de Lecture 
48 64 » c.


Ce tableau est fait d’après le catalogue de la poste de Berlin ; et les chiffres sont loin d’être enflés, puisque je ne compte le thaler qu’à 5 fr. 75 c., ce qui le met à sa plus basse valeur. Ainsi, un journal politique français coûte aux habitans de Berlin la moitié en sus de ce qu’il nous coûte, à nous, et une de nos revues un tiers ; bien entendu que le même impôt pèse sur les journaux que nous recevons d’Allemagne. N’est-ce pas une raison assez forte pour que nos feuilles politiques et littéraires se répandent au-delà du Rhin en si petit nombre ? N’est-ce pas là une barrière imposée entre les relations de deux peuples qui sont appelés pourtant à faire entre eux un échange sans cesse plus large et plus suivi de leurs idées et de leurs travaux ? Pourquoi donc le gouvernement ne tente-t-il pas de rompre cette barrière, et d’établir entre ces deux états, qui se touchent, une plus grande liberté de communication ? Ce serait donner à notre presse périodique un nouveau moyen de prospérité et de développement ; ce serait aussi, ce qui n’est certes pas d’une moindre importance, jeter chaque jour entre la France et l’Allemagne des liens plus puissans ; faire que les deux peuples se connussent mieux, et s’éclairassent mutuellement. Que, s’il y a de grandes difficultés à vaincre pour traiter avec tant de petits états, elles sont loin cependant d’être insurmontables, car, dans ce cas-ci, une principauté entraînerait l’autre. Les Allemands désirent, tout autant que nous, devoir mettre de côté ces entraves journalières, qui les arrêtent à chaque instant dans leurs relations d’affaires, dans leur