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en effet. Il a quelque raison que vous ne connaissez pas ! Il aime une femme, il est marié en secret peut-être.

— Je l’interrogerai, je saurai ce qu’il pense, répondit Métella ; je ferai pour vous, ma fille, tout ce qui dépendra de moi. Si je ne puis rien, ma tendresse vous restera.

— Oh ! oui, ma mère ! toujours, toujours ! s’écria Sarah en se jetant à ses pieds.

Apaisée par les promesses hasardées de sa tante, Sarah se retira plus calme. Métella la mit au lit elle-même, lui fit prendre une potion calmante, et ne la quitta que quand elle eut cessé de soupirer dans son sommeil, comme font les enfans qui s’endorment en pleurant et qui sanglotent encore à demi en rêvant.

Lady Mowbray ne dormit pas ; elle était rassurée sur certains points, mais à l’égard des autres elle était en proie à mille agitations, et ne voyait pas d’issue à la position délicate où elle avait placé la pauvre Sarah. La pensée d’engager Olivier à l’épouser n’avait pu prendre de consistance dans son esprit ; c’est en vain qu’elle eût sacrifié cette jalousie de femme qu’elle combattait si généreusement depuis plus d’une année. Il y a dans la vie des rapports qui deviennent aussi sacrés que si les lois les eussent sanctionnés, et Olivier lui-même n’eût pas pu oublier qu’il avait regardé Sarah comme sa fille.

Incapable de se tirer elle-même de cette perplexité, lady Mowbray résolut d’attendre quelques jours pour prendre un parti ; elle chercha à se persuader que la passion de Sarah n’était peut-être pas aussi sérieuse que, dans ses romanesques confidences, la jeune fille se l’imaginait ; ensuite, Olivier pouvait par sa froideur l’en guérir mieux que tous les raisonnemens. Elle alla retrouver Sarah le lendemain, lui dit qu’elle avait réfléchi, et que le résultat de ses réflexions était celui-ci : il était impossible d’interroger Olivier sur ses intentions, et de lui demander l’explication de ses paroles de la veille, sans lui faire voir l’impression qu’elles avaient faite sur miss Mowbray, et sans lui faire soupçonner l’importance qu’elle y attachait. — Dans la situation où vous êtes vis-à-vis de lui, dit-elle, le premier point, le plus important de tous, c’est de ne pas avouer que vous aimez sans savoir si l’on vous aime.