elle céda pour lui faire plaisir, et ordonna à ses femmes de préparer sa toilette.
— Vraiment, Luigi, lui dit-elle en s’habillant, je ne vous comprends plus ; vous avez mille caprices ; avant-hier, je désirais aller au bal de la princesse Wilhelmine, et vous m’en avez empêchée ; aujourd’hui…
— Ah ! c’était bien différent : j’avais un rhume effroyable ce jour-là… je tousse encore un peu…
— On m’a dit cependant…
— Qu’est-ce qu’on vous a dit ? et qui est-ce qui vous l’a dit ?
— Oh ! c’est le jeune Suisse avec lequel vous avez voyagé, et que j’ai vu au spectacle hier soir : il m’a dit qu’il vous avait rencontré la veille au bal chez la princesse Wilhelmine.
— Ah ! madame, dit le comte, je comprends très bien les raisons de M. Olivier de Genève pour me calomnier auprès de vous !
— Vous calomnier ! dit Métella en levant les épaules. Est-ce qu’il sait que vous m’avez fait un mensonge ?
— Est-ce que vous allez mettre cette robe-là, milady ? interrompit le comte. Oh ! mais vous négligez votre toilette déplorablement ?
— Cette robe arrive de France, mon ami ; elle est de Victorine, et vous ne l’avez pas encore vue.
— Mais une robe de velours violet ! c’est d’une sévérité effrayante.
— Attendez donc ; il y a des nœuds et des torsades d’argent qui lui donnent beaucoup d’éclat.
— Ah ! c’est vrai ! voilà une toilette très riche et très noble. On a beau dire, Métella, c’est encore vous qui avez la mise la plus élégante, et il n’y a pas une femme de vingt ans qui puisse se vanter d’avoir une taille aussi belle…
— Hélas ! dit Métella, je ne sens plus la souplesse que j’avais autrefois ; ma démarche n’est plus aussi légère ; il me semble que je m’affaisse, et que je suis moins grande d’une ligne chaque jour.
— Vous êtes trop sincère et trop bonne, ma chère milady, dit le comte en baissant la voix. Il ne faut pas dire cela, surtout devant vos soubrettes ; ce sont des babillardes qui iront le répéter dans toute la ville.