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REVUE. — CHRONIQUE.

Une véritable détresse qui dissimule, loin d’être feinte, c’est celle du Constitutionnel, ce vieux roi des journaux, que chaque jour détrône, et qui voit peu à peu déserter tous ses abonnés. Les assemblées d’actionnaires y sont presque en permanence, comme dans les grandes crises, et les délibérations infructueuses s’y succèdent sans interruption. Il paraît qu’enfin, après de longues discussions, il aurait été décidé que la rédaction en chef de cette feuille aux abois, serait offerte à M. Chambolle, l’un des jeunes rédacteurs du National, homme de capacité et de talent, qui résigna avec beaucoup de noblesse sa place de secrétaire-rédacteur de la chambre, quand son protecteur M. Lafitte échoua dans la question de la présidence. La décadence du Constitutionnel est un véritable événement politique ; la chute de ce représentant obstiné des vieilles et étroites idées libérales annonce une ère nouvelle, et il est d’un bon augure de voir une feuille politique ainsi arriérée, dépassée par ses lecteurs. Pour un gouvernement observateur, il y aurait un signe d’avertissement dans cette catastrophe ; mais on se fait aveugle et sourd pour jouir en paix du temps présent, et l’on se barricade contre les fâcheux indices, en se promettant bien de rouer aussi l’avenir.

Don Pédro se montre plus attentif aux influences de la presse, et, loin de les méconnaître, il a trouvé le loisir, au milieu de ses embarras de Lisbonne, d’adresser des propositions à quelques journalistes de Paris qu’il voudrait envoyer à Rio-Janeiro, pour y publier un journal pédriste. Un écrivain vif et mordant, qui a beaucoup contribué au succès du Corsaire, a, dit-on, été chargé de cette périlleuse mission, et va s’embarquer pour préparer les voies d’une restauration au Brésil. Nous ne doutons pas de son talent et de son courage, mais nous doutons de son succès.

C’est une publication assurément fort curieuse et fort intéressante que celle du livre que M. le général Dermoncourt, intitulé : La Vendée et Madame[1]. On a pu déjà en juger par le fragment que nous en avons donné dans une de nos précédentes livraisons. On sait que c’est au général Dermoncourt que fut confiée la personne de Madame, après qu’elle eut été arrêtée dans sa retraite de Nantes. Les bons procédés du général, sa politesse et une sorte de bonhomie qui le distinguent, gagnèrent le cœur de la princesse, qui lui conta fort au long, s’il faut en juger par les détails que nous fournit M. Dermoncourt, toutes les circonstances de son voyage et de son séjour dans la Vendée. M. Dermoncourt a complété tous ces renseignemens par les récits recueillis de la bouche de M. Berryer, qui lui a tracé tout l’itinéraire de la route qu’il suivit pour avoir une conférence avec la duchesse de Berri, et par les communications de plusieurs autres personnes qu’il ne nomme pas, mais qui semblent assez bien instruites de tous les évènemens de cette petite campagne.

  1. Un vol.  in-8o, chez Guyot et Canel.