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REVUE DES DEUX MONDES.

PREMIER ESCLAVE.

Qu’attends-tu de cette belle colère ? voyons, jette-toi aux pieds de Bestia, jure de lui rester fidèle, de mourir, s’il le faut, pour lui apprendre comment on meurt ; dévoûment sublime ! Pour nous, traversant l’Italie que nous avons trop long-temps arrosée de nos larmes, de notre sang, nous allons revoir les lieux de notre enfance, nos vertes forêts de la Gaule.

VERCINGETORIX.

Vous, revoir la Gaule ! et qu’irez-vous y faire ? Rome est désormais votre patrie, la délation vous y a naturalisés, la délation est votre droit de bourgeoisie ; adieu, citoyens.

ESCLAVES.

Adieu, esclave ; accepte nos fers pour souvenir. (Ils sortent.)


Scène III.


VERCINGETORIX, BESTIA.
BESTIA.

Maudit soit le jour où j’ai connu Catilina ! c’est fait de moi, j’y perdrai peut-être la vie, mais tu l’as voulu.

VERCINGETORIX.

Je n’avais d’autre volonté que la tienne.

BESTIA.

Loin de moi la pensée de te faire des reproches. Le moment serait mal choisi, mon fidèle esclave ; seulement j’envie ton sort, car tu ne perds ni tu ne gagnes à tout cela : mais moi ! (Se frappant la tête.) Je leur disais bien que les femmes seraient cause d’un malheur. Cet obstiné Catilina, je ne veux plus le voir, plus en entendre parler : l’incendiaire, l’assassin, le conspirateur, le voleur, qui me prenait mon argent, qui venait conspirer chez moi ! car moi, n’est-ce pas, je ne faisais que prêter ma maison et mon argent, encore à fonds perdu ; je ne conspirais pas ? Si je le dénonçais ? je tiens tous les détails ; par Jupiter, je vais…

VERCINGETORIX.

Arrête ! j’entends Catilina.

BESTIA.

Catilina !