Je ne vous ai jamais fait tuer.
Tu y aurais trop perdu, vieil usurier ; tu ne fais pas tuer non plus tes chevaux, quand ils sont sains et robustes : veux-tu prendre à intérêt nos cent sesterces, car le sénat nous a donné de l’argent qu’il te fera rendre sans doute !
Je suis libre, Bestia ; (jetant son bonnet à terre) ramasse mon bonnet.
Scène II.
À mon secours, Vercingetorix !
Tu t’adresses bien, c’est un homme libre de plus.
Arrière ! je ne suis point délateur ; je ne vous connais plus, car vous valez moins, depuis que vous valez plus. Pourquoi m’avez-vous oublié au tribunal du consul, pourquoi oubliez-vous tous vos frères qui resteront esclaves dans Rome ? Allez, vous êtes libres ; il y a peut-être une récompense double pour le Gaulois affranchi qui dénonce le Gaulois esclave.
Bon Vercingetorix !
Tu ne veux donc pas retourner dans notre belle patrie ? tu fais de la vertu pour avoir un autre maître ; on écrira sur ton front : Esclave fidèle, conspirateur muet ; et l’on t’achètera cher au grand jour de la vente des biens de Bestia.
Vous n’êtes point encore assez riches pour m’acheter, cela viendra peut-être ; la délation mène loin, et je ne serais point surpris de vous voir tous siéger un jour au sénat, mes maîtres.