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UNE CONJURATION D’AUTREFOIS.

FULVIE.

Avec Catilina, Lentulus, Cethegus, Vargunteius, Gabinius Capito, et d’autres encore.

CICÉRON.

Oh ! oh ! cela devient grave.

FULVIE.

Plus grave que tu ne saurais croire, car j’ai à parler au consul et au mari ; auquel dois-je d’abord parler ?

CICÉRON, gravement.

À tous les deux.

FULVIE.

Sois homme de courage, consul, on en veut à ta vie. Ce soir, Vargunteius et Cethegus viendront frapper à ta porte, humbles cliens armés de poignards. Catilina les a désignés pour t’assassiner. Tu n’es que la première victime, et Rome doit être ton bûcher. Ris donc maintenant… Ce n’est pas tout encore. Époux, on en veut à ta femme.

CICÉRON, abattu.

Pour la tuer aussi ?

FULVIE, souriant.

Bien mieux que cela. Un des conjurés, Curius, est l’amant de Terentia, et ce matin même il doit venir auprès d’elle.

CICÉRON.

Tu mens, Fulvie !

FULVIE.

Voilà bien les hommes. Ce que je te révèle, je l’ai vu, je l’ai entendu. Libre à toi de le voir et de l’entendre. Pas un mot de plus, consul. Ce que j’ai fait, je l’ai fait pour moi plus que pour la patrie ; pour moi et pour l’argent que la patrie et le consul me doivent maintenant que je les ai avertis tous deux. Quand faudra-t-il frapper à l’épargne du questeur ?

CICÉRON.

Demain. ( Fulvie sort.)


Scène IV.


CICÉRON, seul, dans l’abattement.

Ma tête se perd !… Mais l’accusation d’une courtisane peut-elle atteindre la femme d’un consul ? Curius… cet homme perdu