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UNE CONJURATION D’AUTREFOIS.

VERCINGETORIX.

Obéir.


Scène II.


Les Mêmes, BESTIA.
BESTIA, regardant la table.

C’est bien. (Il fait signe aux esclaves de se retirer.)

(À Vercingetorix.)

Toi, reste !

(Les esclaves se retirent.)

Scène III.


VERCINGETORIX, BESTIA.
BESTIA, d’un air soucieux.

Je suis ruiné, perdu, et c’est toi qui en es cause, toi mon médecin, mon astrologue, mon cuisinier, mon confident, mon ami même.

VERCINGETORIX.

Ton esclave.

BESTIA.

Mon ami, te dis-je. Tu m’as livré comme une proie aux Cethegus, aux Catilina, à tous ces enfans perdus de Rome, qui m’apportent chaque jour, ou plutôt chaque nuit, leurs vices à nourrir, leur ambition à défrayer ; de l’argent, de l’argent, toujours de l’argent ! Et qu’a-t-il produit cet argent ? où sont les gouvernemens de province, les questures, les consulats, toutes les dignités qu’on achète, disent-ils, et qu’on n’a pas voulu leur vendre. À la fin je suis las de prêter à des noms et sur des espérances ; je suis las surtout de tenir table ouverte, et de m’être fait l’hôte imprudent de toutes ces misères patriciennes et plébéiennes, car maintenant ils font des recrues partout. Je ne sais où va les prendre ce maudit Curius, leur embaucheur : ma maison est l’asile de Romulus, ouvert à tous les bandits : chaque jour ce sont de nouveaux venus ; bientôt ils me feront mettre à table avec leurs esclaves.

VERCINGETORIX.

Parle moins haut, maître.

BESTIA.

Moins haut, et pourquoi ? en suis-je venu au point d’avoir à craindre ; je veux en finir, ma fortune est compromise, il y va