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RÉVOLUTION DU MEXIQUE.

tenir en échec Faccio, alors posté en observation à San Augustin del Palmar avec deux mille hommes seulement. Mais il n’y avait pas à craindre qu’un combat s’engageât entre eux ; Faccio doutait trop de lui-même et de ses soldats, pour tenter contre des forces supérieures le sort des armes dont le résultat, s’il lui eût été défavorable, aurait ouvert, à Santa-Anna, les portes de Mexico ; et celui-ci, de son côté, ne voulait pas exposer légèrement aux chances d’un combat une cause qui prenait de moment en moment un nouveau caractère d’importance et de force. Chaque jour, en effet, quelque nouvel état se déclarait en sa faveur ; le rappel de Pedraza lui avait concilié soudain une grande partie des législatures ; on commençait à reconnaître un but légitime à son soulèvement ; on ne craignait plus que, dans l’ivresse du succès, il ne se déclarât souverain absolu, en faisant taire les lois : aussi paraissait-il déjà évident que bientôt l’adhésion unanime des états à ses projets rendrait inutile tout appel aux armes, et rapprocherait tous les drapeaux. Du côté de Tampico, les nouvelles continuaient à être favorables ; la municipalité de cette ville venait de déclarer Manuel Gomez Pedraza président légitime de la république, et dénonçait Bustamente comme usurpateur du pouvoir ; cet acte était signé par tous les officiers civils et militaires du département. Le général Moctezuma avait poussé jusqu’à San-Luis-Potosi sans rencontrer aucun obstacle. En vérité, la conduite des généraux du gouvernement serait inexplicable, si l’on ne savait qu’il régnait dans l’armée une désorganisation effrayante : la désaffection des soldats pour le drapeau qu’ils suivaient, était tellement prononcée, que les chefs n’osaient pas compter sur leurs troupes. Comment, autrement, pourrait-on comprendre la fuite de Teran vers Matamoros, tandis qu’il lui eût été si facile d’arrêter Moctezuma au milieu des gorges des montagnes presque impraticables, dans lesquelles il faut s’engager pour arriver à San-Luis ? Ce dernier s’empara de la ville presque sans résistance, le détachement de troupes qui en composait la garnison s’étant prononcé pour lui, après un léger engagement dans lequel le commandant en chef et son second, Ottero, furent blessés et faits prisonniers. Ottero est le même officier qui signa l’arrêt de mort de Guerrero. Mais ce qui dut surtout encourager Santa-Anna, ce fut l’adhésion